«Dans le cadre de mon activité de prestation de services à façon, j’utilise le stockage et le triage pour dégager une meilleure rentabilité sur les exploitations de mes clients. Cependant, les 1 600 ha de SAU travaillés sont disséminés sur une dizaine de sites de stockage, dans un rayon de 150 km autour de Limey-Remenauville (Meurthe-et-Moselle). La station de tri de récolte mobile que Grégoire Dubois Taine, chef de l’entreprise CI2T, m’a proposé de tester il y a un an semblait être une solution pour améliorer cette rentabilité », confie Christophe Lefort.

Valoriser la récolte sur chaque site

« En triant les graines, je fournis une qualité acceptable pour vendre au meunier sans passer par un négoce portuaire, afin de bénéficier d’un meilleur prix de vente. La qualité évite aussi des pénalités et du déclassement. En outre, les impuretés et grains cassés, habituellement laissés à l’organisme de triage à son profit, restent sous mon contrôle et je peux ainsi les valoriser. Arrêter le triage de la récolte n’est donc pas envisageable car, pour subsister dans le contexte agricole, il est nécessaire de valoriser au maximum sa production. Néanmoins, équiper chaque site de stockage engendrerait des charges trop importantes. L’idée de disposer d’une station de tri mobile est donc séduisante dans une configuration comme la mienne », s’enthousiasme Christophe.

L’utilisation de cette machine ne doit pas être un frein lors de la moisson. Cette période étant restreinte, ajouter un élément chronophage serait contre-productif. Se posant en intermédiaire entre la moissonneuse et la remorque de transport, Christophe estime que son débit de chantier doit, au minimum, être égal à celui de la moissonneuse-batteuse CR 9.90. Hors saison, la trieuse doit remplir un camion de 30 tonnes en 30 minutes.

Simplicité et rentabilité

C’est en tenant compte de ces contraintes que l’équipe de CI2T a conçu l’unité de triage mobile TM 8 000. L’ensemble est monté sur un plateau agricole Masson de 8 m de long pour accueillir tous les composants. « Nous avons utilisé une trieuse KDC 8 000 de Kongskilde industries, qui est notre partenaire depuis de nombreuses années », raconte Grégoire Dubois-Taine.

Sur le plateau, on trouve donc la trieuse mais également une trémie tampon d’une contenance de 350 kg. Le grain présent dans la trémie est acheminé dans la trieuse par une vis sans fin. Ensuite, un tapis convoie le grain trié vers une vis sans fin repliable pour le transport. Le grain finira sa course dans la remorque. Les impuretés et grains cassés sont apportés par la soufflerie vers une autre vis sans fin repliable qui les transfère dans un autre contenant. Toutes les vis sans fin et la soufflerie sont entraînées par des moteurs électriques triphasés. Si aucune source d’alimentation n’est à proximité, comme lors des chantiers en bout de champs, un groupe électrogène est monté et entraîné par la prise de force du tracteur.

Après une année d’utilisation de la machine, Christophe a dressé un premier bilan. « Du point de vue du débit de chantier, la machine me satisfait. En plus de sa capacité à suivre le rythme de la moissonneuse, nous nous sommes aperçus que l’on pouvait être moins regardant sur ses réglages et ainsi gagner du temps. La qualité est au rendez-vous. Je gagne jusqu’à 4 points d’humidité sur certaines cultures, j’évite les frais de séchage et mon orge brassicole n’a pas été déclassée. Côté valorisation des impuretés, celles du colza et du tournesol ont été vendues à une structure de méthanisation pour 70 €/t. Selon mes calculs, la machine devient rentable à partir de 5 000 t/an triées, quantité que je dépasse systématiquement. En outre, mes clients sont satisfaits de ma gestion de leurs exploitations, ce qui me permet d’asseoir un peu plus mon activité et d’envisager sa progression, voire d’assurer une prestation de service de triage pour les agriculteurs du secteur. »