Mutualiser le matériel, c’est bien, garantir une traçabilité des usages, c’est mieux. Tel est l’état d’esprit d’Antoine Dequidt, producteur de betteraves, de pommes de terre et de céréales à Ramecourt, dans le Pas-de-Calais. « Avec Alexandre Cuvelier, ingénieur informaticien, nous travaillons depuis un à an à l’élaboration d’un boîtier connecté enregistrant l’utilisation des matériels partagés », décrit Antoine. Baptisé Karnott, le système de boîtiers est désormais opérationnel.
« Notre objectif est que le module puisse être placé sur n’importe quel tracteur et outil. Il possède ainsi un aimant puissant. Il enregistre les informations de durée, de distance et de surface. Nous voulons aussi le moins de contraintes possible. » Un gyroscope et un accéléromètre y sont ainsi intégrés. Dès qu’un mouvement est détecté, le boîtier se met en marche. Il n’y a donc pas à l’allumer. Pour que le système de suivi des travaux fonctionne, un boîtier doit être placé sur le tracteur et un autre sur l’outil. Le premier est alors branché à l’allume-cigare. Équipé en GPRS, c’est lui qui communique avec la plate-forme d’échange de données. Au démarrage du chantier, les boîtiers communiquent entre eux. Ils sont par ailleurs étanches.
Des comptes spécifiques peuvent être créés pour chaque utilisateur, qu’il partage le matériel au sein d’une Cuma ou dans un autre cadre. Un fichier Telepac peut être importé pour créer les parcelles. Mais elles peuvent aussi être dessinées. Les outils enregistrés avec leur largeur de travail figurent en temps réel sur une carte Google Maps visible depuis n’importe quelle interface. En effet, les concepteurs ont choisi une solution 100 % Internet pour l’utilisation des comptes. Il n’y a donc pas besoin de télécharger une application pour tablette ou smartphone.
En temps réel
Une fois les travaux terminés, la durée d’utilisation du matériel, la distance parcourue et la surface travaillée peuvent être consultées. Productivité et performances peuvent ainsi être épluchées par l’utilisateur pour chaque matériel. Au sein d’un groupe, il est aussi possible pour chaque agriculteur qui partage un outil de regarder les performances des autres utilisateurs. En plus d’un tableau général, un calendrier récapitule pour une période choisie les différentes immobilisations d’un outil par ses utilisateurs. Des graphiques circulaires sont aussi proposés pour visualiser ces répartitions.
Prix en fonction du nombre d’adhérents
En termes de sécurité, Karnott envoie un SMS d’alerte lorsque le boîtier se retrouve à plus de 40 km de la station de référence. Les données sont, quant à elles, stockées sur des serveurs situés en France. La conception technique des boîtiers et leur fabrication sont pour le moment sous-traitées à un bureau d’études.
« À terme, notre objectif est d’internaliser une partie de la production », affirment Antoine et Alexandre. « Nous embaucherons à partir de mars. » Sur la question du coût pour l’utilisateur, Antoine précise qu’il veut faire une offre attractive. « Le prix sera variable en fonction de la taille du groupe. Ainsi, pour une quinzaine d’exploitants et une quinzaine de matériels, on peut imaginer partir sur 10 à 15 euros par mois et par adhérent, tout compris. Nous espérons la commercialisation de Karnott pour le Sima, le Mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage. »