Le changement du climat pèse déjà beaucoup sur les comptes des exploitations du Massif central. Dans une enquête conduite dans le cadre du programme AP3C (1), les exploitants estiment qu’il leur coûte en moyenne 14 000 € chacun de dépenses supplémentaires.
Impacts généralisés
« Cette charge en plus, selon leurs déclarations, se compose d’achats exceptionnels d’alimentation (8 850 €), de frais pour la surface fourragère (1 575 €) et de nouvelles dépenses comme le prélèvement d’eau sur le réseau ou l’achat de paille (3 550 €) », détaillent Marie Miquel et Yannick Péchuzal, de l’Institut de l’élevage.
La quasi-totalité (99) des exploitants (2) déclare avoir subi au moins un aléa climatique au cours de la période 2014-2020. « La sécheresse estivale et la canicule sont les plus fréquents, mais ce sont aussi les deux plus impactants », ajoutent les experts. Au niveau des prairies, cela se traduit par une baisse de la production, ce qui conduit les éleveurs à complémenter les animaux davantage.
De nombreuses stratégies d’adaptation ont déjà été mises en place. À l’échelle du système fourrager, la majorité des éleveurs (78 %) diversifie les espèces et les variétés fourragères implantées. Près des deux tiers implantent davantage de légumineuses et de cultures dérobées. Dans les prochaines années, la moitié (49 %) envisage aussi de choisir des variétés plus adaptées ou d’agrandir leur SAU (37 %). La préservation de la réserve utile des sols grâce à des techniques culturales adaptées comme la couverture végétale, des techniques culturales simplifiées, ou un apport de matière organique, font partie des pistes que souhaite explorer un tiers du panel enquêté.
Pas d’irrigation
L’installation de système d’irrigation ne fait pas partie des pistes envisagées. L’augmentation de la surface fourragère en diminuant la part des grandes cultures n’est pas prévue non plus.
Au niveau du troupeau, les pratiques évoluent aussi. La plupart des éleveurs (83 %) éliminent désormais plus rapidement les animaux improductifs. Près de la moitié envisage d’aménager différemment les bâtiments. La diminution des effectifs est une piste à laquelle réfléchissent 21 % des exploitants. L’achat ou l’élevage du renouvellement ou le changement de race ne sont pas prévus en revanche.
Pour limiter les charges de travail, l’installation de réseau d’abreuvement au pâturage fait partie des projets de 91 % des exploitations. M.-F.M.
(1) Le projet AP3C est animé par le SIDAM avec les compétences des ingénieurs de 11 chambres d’agriculture (Allier, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Haute-Vienne, Loire, Lot, Lozère et Puy-de-Dôme) et de l’Institut de l’élevage.
(2) Bovins lait, bovins viandes, ovins et caprins.