Pour la deuxième année consécutive, Jean-Marie Frézat, salarié de Jean-Marc Bantin, sera épaulé par un berger de la brigade d’appui du parc de la Vanoise pour surveiller son troupeau de 500 brebis thônes et marthod. « En 2019, cette brigade est venue quinze jours au total au cours des quatre mois d’alpage, situé en grande partie dans le parc national », explique Jean-Marc. Le 13 juillet, l’un des deux nouveaux embauchés était présent sur l’une des trois estives. « Il surveille, pose des filets et remplace Jean-Marie, mon berger, s’il a besoin de se ravitailler ou d’emmener son chien chez le vétérinaire, par exemple », ajoute-t-il.

Un droit au repos

Cette action expérimentale, mise en place dans le cadre du Plan national loup, associe le parc national de la Vanoise, le service de remplacement des Terraillet, la direction départementale des territoires (DDT), le Syndicat ovin de Savoie et la Société d’économie alpestre de Savoie (SEA73). « La vocation de ces bergers d’appui est d’apporter un droit au repos au berger en place, qu’il s’agisse de l’exploitant ou du salarié », explique Clément Teppaz, de la SEA73. La tâche est d’autant plus lourde qu’il faut parfois faire face à la pression de la prédation, sachant qu’au cœur de parc national, le recours aux tirs est interdit. « Le stress et le manque de sommeil sont si forts qu’ils risquent de conduire les éleveurs et/ou les bergers à des dépressions, poursuit-il. Les bergers d’appui sont là pour les soulager. Mieux reposés, ils seront plus aptes à affronter une situation d’urgence en cas d’attaque. »

En 2019, ils ont été huit à bénéficier de l’aide de la brigade de bergers d’appui. « Le planning est adaptable en fonction des besoins des alpagistes et de la pression de prédation », souligne Clément Teppaz. Seule contrainte pour les éleveurs : s’acquitter du droit d’entrée au service de remplacement, d’environ 80 € par an. L’ensemble des autres frais (salaires des bergers…) est pris en charge par les financements de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Auvergne-Rhône-Alpes. Tous les membres du service de remplacement des Terraillet qui exploitent un alpage situé tout ou partie en zone cœur de parc, et qui ont souscrit un contrat de protection des troupeaux comprenant le regroupement nocturne des animaux et un gardiennage permanent, peuvent prétendre à l’aide de la brigade.

« L’ensemble des soutiens est important, souligne Jean-Marc. Sans eux, j’aurais sûrement arrêté d’élever des brebis. Au début des années 2000, j’ai connu des attaques traumatisantes, au cours desquelles j’ai perdu beaucoup d’animaux. Cela m’a conduit à acheter des patous. Puis, il y a six ans, j’ai embauché un berger, financé en partie par les contrats de protection des troupeaux, mis en place par l’État. »

C’est une compensation, alors que les résultats techniques se sont effondrés. À la descente d’estive, les agneaux, en raison du regroupement nocturne, ne pèsent plus que 30 kg, au lieu de 35 kg avant l’arrivée des loups.

M.-F. Malterre