D’abord tournée vers l’élevage pour valoriser ses effluents, la méthanisation s’adapte désormais aux productions céréalières. Mais avec quels « déchets » ? Céréalier dans l’Oise, Pierre-Henri Roland s’est lancé avec une autre ferme dans la production de biométhane. Depuis août 2017, ils transforment une part de 850 ha de photosynthèse en 200 Nm3/h de gaz vert. Leur première motivation est de prendre leur indépendance pour la fertilisation des terres. Ainsi, ils modifient les rotations, introduisent des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) et des cultures dédiées qui sont ensilées. La ration du méthaniseur comporte aussi de la pulpe de betterave, des déchets d’oignons, des drêches, des poussières et des issues de silos.
Mais comment tout cela peut-il s’intégrer dans un procédé dit « infiniment mélangé » ? Un premier mélange est réalisé dans la caisse de réception à fond mouvant. La matière est ensuite dirigée vers un mixeur qui fabrique une soupe. Du digestat liquide et de l’effluent provenant de la séparation de phase finale, les deux à 40 °C et chargés en bactéries, sont aussi envoyés dans le mixeur. Ce process participe à la diminution du taux de matières sèches qui atteint 4,5 %. « Nous n’ajoutons de l’eau à aucun moment, insiste Pierre-Henri Roland. Du transport à l’épandage, cela coûterait trois fois plus cher. Avec ce procédé, la digestion est plus rapide car la préparation, réalisée toutes les vingt minutes, est déjà chaude et chargée en bactéries. » À la bonne soupe !