Jean-Pascal Bonsergent, éleveur caprin à Saint-Martin-du-Bois (Maine-et-Loire), s’est installé en 1988. La même année, sollicité par le chef du centre de secours communal, il devient sapeur-pompier. « L’idée de découvrir quelque chose de nouveau et d’avoir une activité extérieure à l’exploitation m’ont motivé », explique-il. Aujourd’hui caporal-chef, Jean-Pascal réalise une quarantaine d’interventions par an. « La plupart du temps, nous sommes appelés auprès de personnes âgées après une chute, ou pour des douleurs thoraciques, des enfants malades, des accidents de bricolage ou de sport, etc. Ce que nous appelons le secours aux personnes. »

Avec 400 chèvres sur 47 ha, l’éleveur s’est organisé pour assurer une semaine d’astreinte par mois. Il emploie un salarié à mi-temps et sollicite des stagiaires. Cette semaine-là, il peut être appelé à tout moment de la journée ou de la nuit. En dehors de cette période, l’éleveur communique ses disponibilités au Service départemental de secours et d’incendie (Sdis). Il sera appelé uniquement si un autre pompier de la commune est disponible, pour être au moins deux pour toute intervention.

Intervenir au plus vite

Le centre de secours de Saint-Martin-du-Bois compte une quinzaine de pompiers volontaires. « Quand j’ai commencé il y a trente ans, nous étions six agriculteurs, alors qu’aujourd’hui je suis le seul. Nous sommes pourtant de très bons candidats, rien que du fait d’être sédentaires », témoigne Jean-Pascal. Le Sdis du Maine-et-Loire est conscient de cet enjeu. En mars dernier, il a signé une convention avec le Service de remplacement et le Crédit mutuel pour faciliter l’accès des agriculteurs à la formation initiale de sapeur-pompier volontaire. Celle-ci dure cinq semaines (environ 200 heures). Il y a aussi la formation continue sous forme de manœuvres, en moyenne une fois par mois, souvent le dimanche matin. L’occasion d’approfondir des thèmes comme le secours routier ou le maniement des appareils respiratoires isolants.

A 54 ans, Jean-Pascal reste passionné par sa mission. « J’aime cette vie de proximité faite d’imprévus », confie-t-il. Pour autant, il souhaiterait que des volontaires prennent la relève. A Saint-Martin-du-Bois comme ailleurs, il y va de la vitalité des centres de secours ruraux et de l’égalité des citoyens dans l’accès aux secours. Dans le Maine-et-Loire, le délai d’intervention est aujourd’hui de 20 minutes en milieu rural, contre 10 en milieu urbain. « Il n’est pas toujours possible de sauver quelqu’un qui fait un arrêt cardiaque mais plus les secours sont proches, plus la personne a de chance de s’en sortir », rappelle très concrètement Jean-Pascal, qui se souvient aussi de cette maison sauvée des flammes « parce que nous étions à proximité. »