La forêt gagne du terrain sur les estives, mais dans la Drôme, des projets ralentissent le processus. L’Adem 26 monte des dossiers pour que les groupements pastoraux puissent retrouver de nouveaux espaces de pâturage. L’un d’entre eux a vu le jour, il y a trois ans, au col de Grimone. Le groupement pastoral de Vente Cul a ainsi gagné près de cinq cents journées (1) de pâturage, grâce au défrichemement d’une dizaine d’hectares. Pins noirs d’Autriche et pins sylvestres ont été abattus à trois endroits de l’estive du groupement, qui compte environ 250 hectares.

« Les pins noirs ont été implantés au XIXe siècle pour lutter contre l’érosion, souligne Fabien Candy, de l’Adem. Petit à petit, ils ont colonisé l’espace pâturable et englouti la production fourragère. La progression des résineux a un impact sur le long terme. Avec eux, des graminées préforestières – comme le brachypode penné – apparaissent. Cette plante possède des rhizomes et sécrète des composés allélopathiques qui limitent le développement des autres espèces. Le tapis d’aiguilles des pins qui se déposent sur le sol contribue, lui aussi, à l’appauvrissement de la flore. » Bref, pour maintenir un potentiel fourrager, la coupe des arbres s’avère essentielle, sinon la forêt est installée de façon irréversible.

« Les travaux nous ont apporté beaucoup de souplesse d’exploitation, précise Patrick Beaume, président du groupement pastoral. Nous n’avons pas augmenté le nombre de bovins, mais cela nous permet d’affronter avec plus de sérénité les sécheresses, qui sont de plus en plus marquées ces dernières années. »

L’ouverture du paysage est important dans un contexte de prédation du loup. C’est aussi un avantage pour l’admissibilité des surfaces dont dépendent certaines aides.

M.-F. Malterre

(1) Le gain du défrichement est estimé à 350 UFL/ha, soit 3 500 pour l’ensemble du projet. Comme 1 UGB consomme 7 à 8 UFL/j, le gain est d’environ 500 jours.