Un chien de protection ne naît pas avec l’instinct de protéger un troupeau », déclare Rémi Bahadur (1), expert référent de l’Institut de l’élevage pour les chiens de protection. En revanche, il a l’instinct de protéger son territoire. Par conséquent, une formation est nécessaire pour « transférer » cet instinct, tout en veillant à ce qu’il reste « sociable » avec l’homme. Afin d’aider les éleveurs et les bergers à y parvenir, l’Institut de l’élevage propose un réseau d’experts « chiens de troupeaux » (lire encadré ci-dessous). Le plus important est d’accepter de prendre le temps d’éduquer son chien, sinon l’opération est vouée à l’échec. « Celui qui veut un chien doit avant tout en avoir vraiment envie », souligne Vincent Ducomet, éleveur-formateur de l’Idele.
Chasser l’instinctde chasse
Le travail du propriétaire du chien est de faire en sorte que l’instinct de protection prenne le pas sur les autres instincts : chasse ou reproduction. « C’est pour cela qu’il vaut mieux stériliser les chiens qui restent au troupeau. Les femelles sont tentées de le quitter lorsqu’elles sont en chaleur, observe Vincent Ducomet. Idem pour un mâle qui sent une chienne en chaleur. »
Concernant l’instinct de chasse, le canidé doit être recadré lorsqu’il s’exprime. « Aussitôt que le chiot poursuit les agneaux jouant dans la bergerie, ou encore des animaux en mouvement par exemple », explique l’expert. Ce recadrage est en principe efficace, car l’instinct de chasse est assez faiblement activé chez les chiens de protection par rapport aux autres chiens (courants ou de conduite). « Si on a des difficultés à gérer l’instinct de chasse d’un chien de protection, c’est un mauvais signe pour la lignée », ajoute Vincent Ducomet.
Un chien de compagnie défend tout ce qui renvoie à sa sécurité, sa maison, sa voiture, son maître, son territoire. Quant au chien de protection, il faut l’habituer à ne pas se lier à la voiture, ni trop à son maître, mais essentiellement au troupeau. S’il est « remis dans le droit chemin », il le suivra partout. Au fil du temps, il finira par ne plus être attaché à son territoire, mais à son troupeau. Ainsi, si ses brebis sont dérangées, le chien de protection ne le supporte pas et il s’interpose.
Finalement, l’outil chien n’est pas efficace à 100 %. « Il ne suffit pas de prendre un animal de bonne lignée pour avoir un bon chien. Il est primordial de le suivre et de le former au quotidien », insiste Rémi Bahadur.
(1) Le 10 septembre à Nancy, lors d’une réunion organisée par l’Institut de l’élevage à la chambre d’agriculturede Laxou, en Meurthe-et-Moselle.