Les coûts des tourteaux de soja et de colza pèsent beaucoup dans la ration des troupeaux. Pour éviter d’acheter au prix fort, Thierry Jeulin (1), de la chambre d’agriculture de Normandie, livre quelques pistes. Une des premières précautions consiste à se tenir informé tout au long de l’année pour tenter d’anticiper les hausses. « Je prends un quart d’heure tous les jours pour regarder les prix et suivre les informations sur les prévisions de semis et de récolte des principaux pays producteurs de soja, indique-t-il. Si vous n’avez pas le temps tous les jours, alors pensez à surveiller les tendances dans les pays producteurs lors des périodes stratégiques que sont les semis, la floraison et le remplissage des grains et la récolte » (voir infographie ci-dessous). Des informations sur les cotations sont présentes toutes les semaines dans nos pages « cours et marchés » et sur www.lafranceagricole.fr. Les chambres d’agriculture proposent aussi des suivis sur www.mesmarches.chambagri.fr.

Dans leur dernier bulletin, les chambres d’agriculture indiquent que le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a réévalué de 2 Mt la production de soja au Brésil (112 Mt) et a corrigé la baisse des exportations des États-Unis. Les préoccupations pour la cotation semblent venir de l’Argentine. L’USDA a réduit sa prévision de production pour ce pays. D’autres analystes avancent même des chiffres en dessous du « pronostic » américain.

« La grève des transporteurs routiers au Brésil est un autre facteur de variations des prix, ajoute Thierry Jeulin. Les zones de production sont très éloignées des ports. Les camions doivent parcourir parfois plus de 5 000 km et les routes sont beaucoup moins praticables qu’en France. Une grève d’une semaine au Brésil et les prix dans l’Hexagone peuvent facilement grimper de 15 €/t en une semaine. »

Parité euro/dollar

Le cours du pétrole et la parité euro/dollar peuvent aussi avoir un impact sur le tarif des concentrés protéiques livrés. « Une différence de parité de 15 centimes d’euro par kg peut représenter au final un écart de 40 €/t », déclare le spécialiste fourrages.

Calculer ses besoins

Attention, substituer du tourteau de colza au tourteau de soja n’est pas toujours intéressant. En production laitière, sur la base du principe où l’on remplace 1 kg de tourteau de soja par 1,5 kg de tourteau de colza, ce dernier n’est valable qu’à partir du moment où son prix est inférieur à 75 % au prix du tourteau de soja.

« L’achat au jour le jour, s’il simplifie le travail, est une solution qui expose davantage à la volatilité des prix, souligne Thierry Jeulin. La contractualisation à l’avance d’un volume pour une ou plusieurs dates de livraison à un prix défini est une stratégie moins risquée. »

Dans ce cas, connaître le volume nécessaire pour une année est utile. Il peut être possible d’envisager des moyens de stockage plus adaptés à la livraison en grande quantité. « Dans l’Orne, au cours des cinq dernières années, les tourteaux de colza ou de soja livrés en 25 ou 30 t ont coûté 35 €/t de moins que ceux livrés en 5 t. Investir dans une cellule de stockage peut s’avérer intéressant dès la première année. Une collègue des Pays de la Loire m’a rapporté qu’un éleveur a trouvé une opportunité pour en acheter une de 30 t à 2 400 €. Il a pu acheter en contrat à 360 €, soit 80 € de moins que la cote du disponible. Dès la première année, il avait financé sa cellule (80 € × 30 t = 2 400 €). »

(1) Thierry Jeulin intervenait lors d’une journée technique organisée à Belleau, dans l’Aisne, par la chambre d’agriculture.