« J’ai toujours pensé que la réforme de la séparation du conseil et de la vente amènerait plus de liberté pour l’agriculteur mais, tel que c’est parti, cela va prendre du temps. Beaucoup de coopératives et de négoces ne changent guère leurs pratiques. Ils ont choisi la vente mais, dans la “vraie vie”, les équipes de terrain continuent de préconiser des solutions techniques de manière informelle comme avant, en tout cas pour l’instant. Attention toutefois au retour de bâton. Selon moi, ce statu quo est suicidaire car s’il n’y a pas les effets escomptés sur la baisse des phytos, cela pourrait conduire à un tour de vis supplémentaire à moyen terme. L’étape d’après pourrait être la mise en place d’ordonnances pour appliquer les produits, en tout cas pour certains d’entre eux. L’objectif de diminution de 50 % des phytos devient européen, les choses vont s’accélérer et le monde agricole n’a pas pris toute la mesure de ce changement. L’évolution vers l’agroécologie amène à repenser le système de culture, ce qui impacte directement la stratégie économique d’une exploitation. Les techniciens des coops et des négoces sont des gens compétents, mais ils ne peuvent pas facilement accompagner ces changements complets de systèmes agricoles en restant dans la logique de vente de produits. »

Jean-Marie Séronie, consultant en agroéconomie