Ingénieur agricole de formation, Didier Girard a évolué durant onze ans dans divers groupes agroalimentaires avant de se décider à créer son exploitation. En 1991, sa famille achète les vingt premiers hectares d’un terrain laissé en friche, au Bourg-d’Oisans, dans l’Isère, pour y construire une auberge. « C’était une vraie jungle à sangliers, aucun agriculteur ne voulait reprendre les terres », témoigne-t-il. En 2003, Didier prépare son installation et acquiert les 22 ha restants de la propriété. S’en suivent alors des travaux titanesques pour la remettre en état. Un an plus tard, Didier démarre avec 30 brebis mérinos et 80 agnelles mais très vite, il cherche un « produit d’appel » pour compléter l’activité à l’auberge. Après plusieurs visites d’élevages en France, puis au Québec, le bison devient une évidence.
En plein air intégral
« Cet animal sauvage est la définition même de la liberté et des grands espaces », souligne Didier. En 2005, les neuf premiers pensionnaires arrivent, « repérés dans une petite annonce dans La France agricole ». Aujourd’hui, l’exploitant compte 18 adultes et 6 petits bisonneaux, nés au mois de mai. Le troupeau transite au fil des saisons dans une dizaine de parcs clôturés de deux mètres de haut, répartis sur 18 ha. « C’est un investissement lourd mais fondamental pour la durabilité de l’élevage », relève-t-il. En complément de l’herbe pâturée, les bisons reçoivent du foin à volonté durant l’hiver.
Lorsqu’on s’approche de plus près, on distingue sans difficulté le mâle dominant, qui assure la reproduction du cheptel. « Ce sont les femelles qui le choisissent », explique Didier. Les bisonnes mettent bas à partir de l’âge de 3 ans. Les nouveau-nés pèsent entre 20 et 25 kg. « Je n’interviens que très rarement », appuie l’éleveur, qui n’a recensé qu’une seule perte à la naissance depuis ses débuts.
Excepté en cas d’urgence, Didier ne manipule ses bisons qu’une fois dans l’année, à l’automne. C’est le « jour de stress » pour l’exploitant, qui doit diriger ses grands bovidés vers un parc de contention pour la prophylaxie et le bouclage des jeunes. « Une dérogation nous permet d’identifier les bisonneaux à l’âge de 8 mois. »
Pour s’y retrouver dans la réglementation propre à cette espèce non-domestique, Didier peut compter sur l’association Bisons de France, qui regroupe une vingtaine d’éleveurs. « Cet organisme nous permet aussi de comparer nos pratiques d’élevage, de faire part de nos difficultés et de trouver des solutions ensemble. » L’introduction de sang neuf fait notamment débat, les importations en provenance d’Amérique du Nord n’étant plus possibles depuis plusieurs années.