A coup sûr spectaculaire, l’installation solaire photovoltaïque placée au-dessus des vignes du domaine de Nidolères, à Tresserre (Pyrénées-Orientales) ne s’en veut pas moins efficace. Quelque six hectares fraîchement plantés cette année sont recouverts de lignes de panneaux orientables et deux hectares témoins figurent juste à côté.
L’objectif de cette première mondiale est à la fois de contrecarrer les effets du changement climatique sur les vins blancs et de produire de l’électricité. La période de maturité est très rapide dans ce secteur et atteint régulièrement les trois semaines. Cela peut être, par exemple, deux fois plus long en Bourgogne. Les grosses chaleurs estivales en sont la cause principale.
Avec ce projet, l’Inra et les chambres d’agriculture souhaitent mesurer l’effet de l’ombre projetée par les panneaux sur l’allongement de la période de maturation des grains. La société Sun’R a proposé et installé le système. Elle loue la parcelle et récolte le fruit de la production photovoltaïque. La municipalité joue le jeu en autorisant la construction. Le pilotage des panneaux est, quant à lui, réalisé à distance depuis un laboratoire lyonnais. En fonction de la position du soleil et de la saison, une à trois rangées de vigne bénéficieront de l’ombre projetée. En grande partie testé avec du Grenache blanc, le cépage comprend aussi des plants de Chardonnay et de Marselan. L’ombre des panneaux doit éviter des brûlures sur les feuilles, sur les grappes, empêcher des concentrations trop fortes en sucres et des pertes trop fortes d’acidité, et maintenir plus de fraîcheur dans les vins. Elle doit aussi limiter l’évapotranspiration ainsi que, indirectement, une perte de rendement, et permettre une maturité plus progressive pour l’obtention d’un moût davantage équilibré.
De jour comme de nuit, les panneaux pourront servir de déflecteurs vis-à-vis des vents, créant de fait un microclimat favorable à la pousse végétative sans cassures et à la bonne nouaison des baies. Ils pourront aussi faire office de protection vis-à-vis des pluies et réduire les risques de développement de certains champignons. Les réponses à ce défi unique sont attendues pour la première récolte dans quatre ans.