Eloignement du réseau, coûts excessifs, etc. : nombre de facteurs s’opposent au développement futur, mais pour l’heure « micro-exponentiel », de l’injection du biométhane dans les réseaux. La filière compte encore peu d’unités, mais les porteurs de projets fourmillent d’imagination pour passer les obstacles. L’une des trouvailles est le biogaz porté. Dans le Perche, des éleveurs laitiers comme Delphine Descamps produisent 148 Nm3/h de gaz vert et l’injectent à Vendôme (Loir-et-Cher). Le biométhane est produit et épuré sur le site de méthanisation accueillant les effluents des 17 fermes partenaires de Methabraye, à Savigny-sur-Braye. Puis il est « porté » et injecté dans le réseau de gaz d’une zone d’activités de Vendôme, située à environ 25 km de là. De cette façon, les éleveurs vendent leur biométhane à un tarif de 110,80 €/MWh garanti pendant quinze ans. L’investissement s’élève au total à 6,8 millions d’euros, dont 20 % de subventions de l’Ademe pour le caractère innovant du projet. Résultat, le retour sur investissement est prévu dans un peu plus de sept ans.

Malgré l’avis tempéré de l’Ademe sur le sujet – qui a conclu dans une étude parue en 2016 que l’injection de biogaz porté pouvait se révéler trop chère –, cette première fait des émules. AgroGaz dans les Hautes-Pyrénées, CoBiogaz dans les Côtes-d’Armor, ou encore Les Méthagris du Blavet, également en Bretagne, sont dans les starting-blocks. La plupart attendent cependant des temps meilleurs. À la sortie du groupe de travail méthanisation, le ministère de l’Écologie annonçait par exemple un appel d’offres « injection atypique », que les intéressés sont impatients de découvrir. Ni le volume dédié à la compétition, ni les planchers ou les plafonds de prix ne sont encore connus. Cela laisse aussi le temps aux autres porteurs d’affiner leur projet, notamment ceux de reconversion de la cogénération vers l’injection de biométhane. À vos marques, prêts, partez !