Ce qui pose problème aux citoyens ou « riverains », c’est de subir une exposition à des substances toxiques : par l’air respiré, l’eau bue, les denrées consommées. Prendre des risques pour sa santé, oui, mais lorsque c’est nous qui le choisissons… Dès lors que c’est subit, on s’insurge ! Vu sous cet angle, il n’y a pas loin entre dire « tu conduis trop vite » ou « ne fume pas à côté de moi » et… « ne pulvérise pas des pesticides sous mon nez ».
Les tensions entre les agriculteurs et leurs voisins se sont peut-être accrues avec l’interdiction, pour les collectivités, d’utiliser des phytos au 1er janvier 2017. Cette loi a engendré une prise de conscience du grand public, mais aussi des questions et finalement des craintes : « Si les phytos sont interdits dans les jardins publics, c’est qu’ils sont dangereux, alors pourquoi les autoriser encore dans les champs ? »
La prise de conscience a aussi atteint les instances syndicales professionnelles. Pour la première fois, la FNSEA a organisé une journée dédiée à la communication envers le grand public sur les phytos et, de son côté, la Confédération paysanne vient de publier un livret pour « Sortir des pesticides », avec une partie dédiée à la problématique des riverains. Si tout le monde s’empare du sujet, l’agriculteur reste le plus légitime pour expliquer son métier, ses contraintes, le pourquoi de l’utilisation des phytos, les efforts faits pour limiter leurs usages ou leurs impacts.
Qu’ils les remettent en question, ne savent pas faire sans, s’en passent le plus possible ou les « raisonnent », aucun agriculteur ne se réjouit d’y avoir recours. « Prendre le taureau par les cornes », être pédagogue, transparent, créer des moments dédiés à l’échange... Des initiatives de communication sont amorcées et des chartes permettant une meilleure cohabitation entre producteurs et riverains sont mises en lumière dans notre dossier et sur le site internet de La France Agricole.