Bernard et Michel ont fait toute leur carrière au sein de l’exploitation Simonneaux, chez Frédéric et ses parents avant lui. Bernard est parti en retraite le 1er avril dernier et Michel le 1er septembre. « Je connaissais les échéan­ces, j’ai donc pu m’y préparer », raconte Frédéric, producteur de lait et de porcs à Acigné (Ille-et-Vilaine).

Confort et souplesse

Il a fait le choix de remplacer un seul salarié et de compenser la perte de main-d’œuvre en ayant un outil plus fonctionnel et en déléguant du travail. « Mon objectif est de garder du confort et de la souplesse. Pouvoir continuer à prendre deux semaines de vacances l’été et assurer mes engagements professionnels. » L’éleveur est élu à la chambre d’agriculture avec plusieurs délégations, ce qui lui prend une journée et demie par semaine. Il est également assesseur au tribunal paritaire des baux ruraux qui se réunit toutes les six semaines, et administrateur au lycée agricole Saint-Exupéry à Rennes.

Pierre-Henry, le salarié, travaille en autonomie sur l’exploitation. © I. Lejas

Gain d’une heure par jour

Installé en 1996, Frédéric a repris la ferme familiale. Onze ans plus tard, il a constitué un Gaec partiel incluant le lait et le foncier avec Marie-Paule Legros pour regrouper les 90 vaches sur un même site. Marie-Paule s’occupe des génisses. Chacun des associés dispose, par ailleurs, d’une exploitation individuelle en porc.

Avec le regroupement des vaches, la stabulation était saturée et la salle de traite à bout de souffle. Les associés ont donc décidé de construire un nouveau bâtiment. Celui-ci a été conçu afin qu’une seule personne puisse gérer le travail d’astreinte, notamment pendant les week-ends et les vacances. Le choix s’est porté sur un bâtiment tunnel lumineux et agréable. Auparavant en aire paillée, le logement a été remplacé par un système de logettes avec racleur. La salle de traite a été équipée en 2 × 6 (avec décrochage automatique et sortie rapide), mais aménagée pour accueillir un équipement en 2 × 8 par la suite. Elle est de plein pied comme la nurserie, ce qui permet de donner à boire aux veaux pendant la traite. « Depuis la mise en route de l’équipement en 2 × 8 en 2016, il faut compter 1 h 15 pour la traite et les veaux. Nous avons gagné une heure par jour d’astreinte par rapport à l’ancien bâtiment et aussi en confort de travail, estime l’éleveur. Je n’ai pas opté pour le robot de traite afin de garder un salarié sur l’exploitation quand je suis absent. »

La salle de traite est équipée pour réduire le travail d’astreinte. © I. Lejas

Recruter et assurer l’avenir des exploitations

Pierre-Henry, le tout jeune salarié de 22 ans, est arrivé mi-mars, juste avant le départ de Bernard. Il connaît bien l’exploitation puisqu’il y a réalisé son alternance en bac pro et en BTS Acse. Frédéric accueille régulièrement des stagiaires de tous horizons, du collégien à l’ingénieur : « C’est indispensable si l’on veut recruter ou assurer le renouvellement de nos exploitations. »

Déléguer des travaux

Les associés ont également testé le désilage en Cuma, leur remorque distributrice étant tombée en panne. Un automoteur passe tous les jours pour nourrir les animaux. « Sur l’élevage laitier, on passe près d’une heure par jour pour nourrir le cheptel. » Principal inconvénient chez eux, le bâtiment des génisses est trop bas pour le passage de la machine, ce qui en réduit l’intérêt compte tenu du coût de cette prestation, de l’ordre de 25 € par tonne. « C’est une solution très confortable que nous aurions adoptée s’il n’y avait pas ce problème technique. »

Un bâtiment fonctionnel n’a pas permis de compenser entièrement le passage de deux salariés à un seul. C’est pourquoi le Gaec a décidé de déléguer des travaux pour les cultures, alors que jusqu’à présent seules les récoltes l’étaient. « Nous allons faire faire les gros travaux de préparation des semis et une partie des épandages de fumier et de lisier lors des périodes les plus chargées. »

Cette décision a aussi été réfléchie en tenant compte du parc de matériel vieillissant. « Si nous embauchions un autre salarié, il faudrait racheter une charrue, une tonne à lisier. C’est un arbitrage qui nous coûterait trop cher avec les charges salariales », calcule l’agriculteur. Frédéric est conscient que 2020 est une année de transition. « Il y a aura sûrement des ajustements à faire. Il reste des sujets à creuser comme le service de remplacement en cas de coup dur », conclut-il.

Isabelle Lejas