Avant tout éleveurs de vaches aubracs à Noalhac, en Lozère, Michel, Julien ainsi que Lisa Poulalion n’ont pas hésité à se lancer dans la production de pommes de terre, il y a trois ans. « Je cherchais une diversification pour m’installer », explique l’agricultrice, qui produit également des légumes d’été.

Une conversion en bio

Les associés n’ont pas franchi le pas seuls mais en groupe, dans le cadre de la filière « Pépites de l’Aubrac », mise en place avec l’appui de la chambre d’agriculture de Lozère. Aujourd’hui, ils cultivent un hectare par an, en rotation avec une céréale ou un méteil. « Nous avons repéré cinq parcelles adaptées à la pomme de terre. Cela va nous permettre de n’y revenir que tous les cinq ans », précise Julien. Sur cette surface, ils ont entrepris une conversion en bio.

À 1 100 m d’altitude, la récolte des pommes de terre intervient en octobre. © Pépites de l’Aubrac

Cette année, ils ont installé les pommes de terre derrière un méteil, ensilé mi-juin. « Après avoir épandu du fumier, bien décomposé pour qu’il n’y ait pas de pailles favorisant la gale commune, j’ai passé un rotavator puis j’ai décompacté. Et avant la plantation, j’ai affiné le sol avec un vibroculteur », détaille Julien.

Fin juin, ils ont planté Monalisa ainsi que Marabel, une variété qui se classe bien dans les tests de dégustation. « Nous allons aussi essayer Auriera », note-t-il. À trois, le chantier a nécessité une journée avec une planteuse d’occasion achetée avec un voisin. « Les plants nous reviennent à 2 000 €/ha, c’est le plus gros poste de frais. Nous allons essayer de les produire nous-mêmes. »

Exposition au levant

Au premier buttage, l’exploitant a réalisé un apport localisé de Patentkali à 400 kg/ha. « La potasse est nécessaire pour préserver la qualité et homogénéiser le goût », relève-t-il. Le cahier des charges de la filière n’autorise que des produits agréés en bio. Depuis deux ans, il n’a pas eu à effectuer de traitements, mais il reste vigilant et surveille régulièrement la culture. La parcelle choisie, entourée de trois côtés par des bois, ne reçoit que le soleil levant. « C’est important d’éviter les sites exposés au soleil couchant, afin que le sol ne se dessèche pas trop vite. Ici, nous n’irriguons pas », poursuit l’agriculteur.

À 1 100 m d’altitude, la récolte intervient en octobre. Elle mobilise quatre personnes pour le tri sur le tapis de la machine. « Nous laissons ensuite les pommes de terre sécher quinze jours en palox, au noir, avant de les trier à nouveau, puis de les amener à la cave où elles seront stockées », indique Lisa. En 2019 et 2020, leur rendement a atteint 2 t/ha. Le prix moyen s’est établi à 0,60 €/kg. « Cette culture demande du travail. Mais c’est un bon complément de revenu », révèle la jeune femme. Au-delà de l’aspect économique, ils ont aussi la satisfaction d’approvisionner les restaurateurs en pommes de terre locales, issues d’un terroir de montagne favorable à cette culture. « Nous avons de bons retours. Ils apprécient leurs aptitudes culinaires et leur goût ! »

Frédérique Ehrhard