«Certes, les mares sont utiles pour abreuver mes animaux, mais j’aime aussi l’aspect qu’elles donnent au paysage », indique Alexandre Lefèvre, éleveur de charolaises allaitantes à Saint-Quentin-des-Prés (Oise). Elles servent également à l’abreuvement du petit gibier et des oiseaux, de même qu’à maintenir la biodiversité végétale et animale (lire l’encadré ci-contre). « En fonction de leur exposition, j’y observe différentes espèces de libellules et de grenouilles », remarque-t-il.
Les mares sont des habitats fragiles, qui se comblent rapidement et disparaissent naturellement si on n’y prend pas garde. Dans le passé, son grand-père avait laissé de côté certaines d’entre elles. Alexandre a entrepris de les rouvrir et, depuis, il les entretient régulièrement. Il faut veiller notamment à ce que les berges ne soient pas envahies par la végétation, comme à créer une pente douce de manière à favoriser l’accès aux amphibiens. L’éleveur intervient plutôt à l’automne, avec une faucheuse ou une épareuse. Une période où il est disponible, et durant laquelle l’écosystème sera le moins pertubé.
Par précaution, il a clôturé les trois côtés des mares, de façon à empêcher ses vaches de détériorer les berges. L’élagage des arbres et la taille des haies se réalisent à la même époque : « Je m’adapte en fonction des essences présentes. Je ne touche pas aux saules et aux frênes. En revanche, je coupe les ronces au maximum. »
Autre action indispensable, l’entretien de la végétation aquatique (les lentilles d’eau, la glycérie…), des espèces à fort potentiel de recouvrement qui empêchent la lumière de pénétrer l’eau et, à terme, présentent un risque pour la pérennité de la mare.
En ce qui concerne le curage, Alexandre le met en œuvre lui-même, environ tous les deux ans, avec son tracteur fourche, en faisant attention à ne pas percer la couche perméable. Tous les quatre-cinq ans, il fait appel à un entrepreneur qui utilise une pelle à chenilles. En outre, Alexandre s’applique à garder une eau « propre », afin que les bêtes n’attrapent pas de maladies.
81 € d’aides MAEC par mare
Comme Alexandre est en système herbagé, il a engagé les neuf mares de son exploitation en MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques) « restauration et entretien des mares et plans d’eau ». En contrepartie du respect de l’ensemble des points du cahier des charges, une aide de 81 € par mare et par an lui est versée durant son engagement de cinq ans. « Je suis le cahier des charges, toutefois, il semble que l’État a du mal à respecter ses échéances ! », remarque l’agriculteur, qui n’a pas encore reçu ses aides MAEC pour 2017.
Sensibilisé à la biodiversité, Alexandre travaille avec le Conservatoire d’espaces naturels de Picardie, afin de préserver ses pelouses sèches sur coteaux calcaires. Il retarde la fauche de ses prairies pour que la faune et la flore accomplissent leur cycle biologique. « Cela me convient, car je ne donne que du foin à mes animaux. » Il s’occupe de surcroît de plus 9 km de haies et d’arbres qui, au-delà de leur rôle essentiel, assurent le bien-être de ses vaches. « J’ai souscrit à une MAEC pour entretenir mes pommiers à cidre », ajoute Alexandre, qui a vu réapparaître, à leur proximité, de petites chouettes. Céline Fricotté