«J’attends que les plantes du bord de champ fleurissent, explique Mickaël Jacquemin. Les pollinisateurs ont ainsi de quoi manger. Puis, je fais une fauche plutôt haute, en ciblant les têtes de graminées, pour qu’elles tombent au sol. » Voici le compromis que le polyculteur-éleveur de Lignon, dans la Marne, a trouvé pour limiter le salissement de ses parcelles à partir de leurs bordures, d’une part, et le débit du chantier d’entretien des bords de parcelles, d’autre part. Avec 396 hectares et un parcellaire morcelé, une autre option lui prendrait trop de temps. Et du temps, il en manque. Engagement syndical et création d’entreprise s’ajoutent en effet à la gestion, avec trois salariés, de deux assolements. Le premier est constitué majoritairement de maïs, sur des sols très argileux. Le second, du côté de la Champagne crayeuse, est très diversifié, avec une dizaine de cultures, dont des pommes de terre, et de la betterave sucrière.
Même s’il observe beaucoup ses cultures (lire l’encadré), Mickaël Jacquemin se dit « pas très regardant sur l’aspect visuel des champs ». Pas besoin de bords de champs maintenus ras, donc. Pour l’agriculteur, plus que l’esthétique, c’est la diversité qui compte : celle des êtres vivants dans le sol, favorisée par l’arrêt du labour, celle des cultures sans son assolement, et celle de la faune.
Une fauche tardive, et haute
À ce titre, la fauche haute a des avantages. Trop basse, elle pourrait perturber les zones de refuge des perdrix, par exemple. « Non pas que je les chasse, mais l’irruption du petit gibier dans les parcelles casse la monotonie du travail au champ ! » sourit Mickaël Jacquemin. De plus, par rapport à un ou des broyages, la fauche a aussi l’avantage de ne pas répartir les graines d’indésirables sur les premiers mètres qui jouxtent la bordure du champ : elle génère moins de salissement.