Stéphane Mettavant savoure sa chance de travailler au cœur du parc naturel régional de Lorraine et d’y vivre. Éleveur dans l’âme, il s’implique, grâce à son activité, dans le maintien des paysages spécifiques de cette région naturelle de la Meuse. Maire depuis 2014 de la petite commune de Chaillon, cent habitants, également formateur dans un établissement agricole, Stéphane a plusieurs cordes à son arc pour agir, transmettre et partager. Y compris auprès des consommateurs, puisque depuis 2017, il commercialise la totalité de sa viande bovine en vente directe. Sa production est estampillée du logo « Valeurs parc naturel régional », une marque collective au niveau des parcs. Il assure aussi des emplois locaux tout au long de la chaîne, de l’abattage à la vente.
Abandon de la production laitière en 2016
L’élevage de Stéphane fait partie des quatre exploitations qui adhèrent à la charte initiée par le parc naturel régional de Lorraine pour favoriser la viande locale de qualité. Un label qui encourage le maintien des prairies et les productions à base d’herbe. Le cahier des charges prévoit ainsi une ration constituée d’au moins 75 % d’herbe, l’engagement dans la préservation des paysages, voire leur restauration, notamment par la plantation de haies.
L’exploitation de 153 hectares, avec 88 hectares de prairies, une troupe allaitante limitée à trente mères de race limousine, répondait parfaitement à ce cahier des charges. C’est donc« tout naturellement » que Stéphane Mettavant s’y est engagé. « Le label prévoit que les animaux pâturent au moins cinq mois. Les miens sont, en moyenne, sept mois dehors », précise-t-il.
Stéphane Mettavant et Paul Leclerc (à gacuhe), un des trois producteurs avec qui il a lancé « L’échoppe de Chaillon ». © D. Péronne
Cet engagement correspond aussi à de nouvelles orientations pour sa ferme et à des choix de vie. « J’ai décidé de faire plus simple, à tous les niveaux, explique l’agriculteur. J’ai arrêté le lait en 2016, alors que je produisais 600 000 litres. La paye de lait était élevée, mais les charges également. Je brassais de l’argent, beaucoup de boulot, mais ça ne me convenait plus. »
Prix de vente modérés
En 2014, l’éleveur commence la vente directe avec des vaches de réforme. Il choisit de poursuivre dans cette voie, à partir d’un troupeau allaitant qu’il constitue, mais dont il limite la taille. « Je conserve tous les mâles et les femelles, explique-t-il. Les bœufs partent à trente mois, les femelles à trente-six mois. » Les animaux sont abattus à Verdun, à 35 kilomètres de l’exploitation. Un prestataire assure la découpe et la mise en colis.
La viande est commercialisée dans un petit magasin situé dans le village (lire l’encadré) et dans les boutiques du parc. « J’ai le privilège de fixer le prix de vente de mes produits, souligne-t-il. Ici, la population est faite de petits retraités, d’ouvriers. Je ne peux pas pratiquer des tarifs trop élevés. Mais je m’y retrouve et, surtout, c’est moins de temps passé, moins de stress. »
Par choix personnel, l’éleveur a décidé d’arrêter la production laitière et s’est reconverti dans la production de viande. © D. Péronne
Les céréales sont conduites en mode raisonné, « sans intervention de précaution. J’utilise des variétés résistantes, poursuit Stéphane. L’an passé, sur le blé, j’ai mis de l’azote, fait un désherbage, mais je n’ai pas eu recours ni aux fongicides, ni aux insecticides. »
Fauche tardive
En collaboration avec le parc, l’agriculteur œuvre à la mise en valeur du milieu naturel. Sept hectares de l’exploitation sont dédiés à la biodiversité. Une mare a été restaurée. Les prairies fleuries, riches d’une flore typique comme la flouve odorante, bénéficient d’une fauche tardive. Des haies ont été replantées. Autant d’actions que Stéphane Mettavant peut valoriser pour l’image de sa viande, emblématique d’un terroir riche et diversifié.
Il transmet aussi son expérience et ses connaissances en enseignant à la maison familiale rurale (MFR) de Vigneulles-lès-Hattonchâtel, dans la Meuse, depuis 2013. Il donne 350 heures de cours pendant l’année scolaire, pour des élèves de niveau 4e et jusqu’au bac pro. Pour ces lycéens, il délivre des cours de zootechnie et de bio-écologie. C’est-à-dire l’économie du vivant, à travers la valorisation des ressources locales. Autant dire que Stéphane Mettavant est dans son élément.