Olivier Huart vient de vivre deux années denses, et ce n’est pas fini. « Maintenant, il va falloir stabiliser ce qui a été fait. Ce sera d’ailleurs tout l’enjeu de 2021 et 2022 », explique cet éleveur de 35 ans situé à Brûlon (Sarthe). Installé en 2007, alors en EARL avec ses parents, Olivier exploite aujourd’hui 120 ha. Éleveur allaitant (70 vaches), il est aussi producteur de porcs, en tant que naisseur-engraisseur, avec 150 truies. « Jusqu’en 2016, nous avions également des vaches laitières sur l’exploitation. Nous avons arrêté la production (150 000 l) quand mon père a pris sa retraite. »

Regrouper les activités

Centrale dans le système d’exploitation, la production porcine a constamment évolué ces dix dernières années. Dès 2011, pour se mettre en conformité avec la réglementation « Bien-être animal », qui imposait l’élevage des gestantes­ en groupe, Olivier et ses parents ont investi 250 000 €. « C’est à cette époque que nous sommes passés de 90 à 150 truies. »

L’année dernière, l’élevage a pris un nouveau tournant avec la construction de bâtiments neufs. L’ensemble représente un investissement de 900 000 €. Pensée sur le long terme, en lien avec la retraite de ses parents, « l’idée a été de regrouper l’engraissement et le naissage sur un site unique, de développer l’engraissement et de produire seulement du Porc fermier sarthois ». Les travaux­ ont démarré à la fin 2018 et se sont achevés en 2019. En pratique, deux salles de post-sevrage (de 230 places chacune), cinq cases de préengraissement et douze cases d’engraissement ont été construites sur le site où se trouve la maternité.

Les bâtiments d’engraissement intègrent des courettes, ouvertes sur trois côtés et couvertes. © Anne Mabire

L’ensemble permet d’engraisser la moitié des porcs charcutiers, soit 2 000 par an. Pour les autres, Olivier continue d’utiliser les anciens bâtiments, qui se trouvent sur un autre site distant de 500 mètres. Il travaille aussi - à hauteur de 1 200 porcs par an - avec un engraisseur de la filière Porc fermier sarthois.

En complément de ces travaux, l’éleveur a investi dans un hangar de 720 m². Situé à l’arrière des bâtiments d’élevage, il abrite la réserve de paille, mais il est aussi utilisé, sur 450 m², pour stocker et composter les fumiers. « Sa capacité correspond à un an de production », explique Olivier. Enfin, à la demande de l’assureur, une réserve « incendie » de 300 m³ a été creusée.

Sur le plan technique, comme l’y autorise le cahier des charges label rouge, l’éleveur a fait le choix d’un sol caillebotis pour les salles de post­sevrage. Sevrés à 28 jours (8 kg), « les porcelets quittent une maternité à 25 °C. C’est important qu’ils retrouvent des conditions similaires pour bien démarrer leur croissance. Avec la paille, été comme hiver, le confort thermique est plus difficile à tenir. Quand il fait - 10 °C dehors, on a du mal à maintenir 25 °C à l’intérieur ». En préengrais­sement (25 à 50 kg), puis à l’engraissement (50 à 120 kg), les porcs restent sur paille. À ce stade, la surface d’élevage passe à 2,6 m² par animal et les porcs ont accès à une cour extérieure. « Elle est ouverte sur trois côtés et semi-couverte, ce qui apporte de l’ombre en été. Cela permet également de récupérer les eaux de pluies. »

Améliorer encore la fonctionnalité

L’investissement réalisé en 2018-2019 a également permis de passer à une alimentation en soupe. « À mon sens, c’était un point essentiel pour améliorer la qualité des carcasses et notre revenu. » De fait, en l’espace d’un an, le taux de muscle du porc (TMP) a grimpé d’un point. « Aujourd’hui, dans le nouveau bâtiment, on est à 61,5. Cela représente une plus-value de 4 à 5 ct/kg. »

Clairs, lumineux, calmes, les nouveaux bâtiments ont été pensés de manière très fonctionnelle. Le post-sevrage et l’engraissement ont été reliés par un large couloir (1,5 m). « Même s’il n’y a qu’une personne présente, les animaux circulent bien. » Le lavage a également été centralisé « avec un branchement à proximité de chaque case ». Et des filets brise-vent motorisés ont été posés.

Entreprenant, Olivier Huart a voulu garder une longueur d’avance. Sur sa ferme, il reste encore des mètres carrés disponibles pour construire d’autres salles d’engraissement « et ainsi élever tous les porcs charcutiers ». Un projet qu’il aimerait conduire d’ici cinq à dix ans. « Mais cela dépendra aussi du marché », rappelle-t-il.

Anne Mabire