Diagnostiquer

Un outil de référence

« On ne peut influer et agir que sur ce que l’on connaît. » Telle est la devise souvent utilisée aujourd’hui pour introduire les démarches d’agriculture « bas carbone ». La première étape, lorsque l’on s’intéresse au bilan de gaz à effet de serre (GES) de sa production, est donc de réaliser un diagnostic. Le programme Ferme laitière bas carbone du Cniel (1) offre en la matière, depuis 2015, un dispositif d’accompagnement de référence. Il s’appuie en grande partie sur l’expertise de l’Institut de l’élevage et l’outil CAP’2ER, qui propose une méthodologie de mesure des émissions et du stockage de carbone sur les exploitations d’élevage de bovins et de grandes cultures. Elle a déjà permis de réaliser près de 20 000 diagnostics d’élevage en France et d’accompagner 12 800 élevages au total. Axée sur les bovins et grandes cultures, elle sera prochainement adaptée aux ovins et caprins.

 

Deux niveaux de diagnostic

Le diagnostic de référence CAP’2ER se décline sur deux niveaux. Le premier est une version « légère », qui permet, à partir d’une trentaine de points sur l’atelier, de positionner les élevages et leurs marges de progrès par rapport à des moyennes. Le second niveau analyse plus en profondeur les données d’élevage et le système d’exploitation.

Cette méthodologie certifiée et labellisée permet de dégager un plan d’action. Plusieurs dispositifs offrent de financer au moins une partie de son coût, comme la mesure « bon diagnostic carbone » du plan France relance.

Agir

Plan d’action

Le diagnostic aide à identifier différents leviers d’action possibles par rapport aux autres exploitations qui partagent le même système. Les solutions proposées sont, le plus souvent, également plus performantes économiquement. D’autre part, les systèmes les plus vertueux – qui émettent 20 % de GES de moins que la moyenne pour un même système de production – sont aussi, en moyenne, les plus rentables.

Tout ce qui va améliorer l’efficacité de l’utilisation des intrants et les résultats techniques du troupeau permet de progresser : allongement des carrières des vaches laitières, amélioration du volet sanitaire, réduction des intervalles entre vêlages, réduction du temps d’élevage des génisses… L’optimisation des apports d’azote sur les cultures, l’implantation de légumineuses, le stockage (prairies, haies et agroforesterie), la couverture des fosses à lisier, la baisse des consommations énergétiques, les couverts intermédiaires fourragers… sont d’autres leviers. La baisse du temps en bâtiment et l’accroissement du pâturage permettent de conjuguer les objectifs bas carbone, l’économie et le bien-être animal.

Parmi toutes les solutions possibles dégagées, les éleveurs construisent un plan d’action conforme à leur stratégie.

Certifier et vendre

Un cadre

Avec le label bas carbone, les éleveurs de bovins et les grandes cultures – bientôt les éleveurs d’ovins et de caprins également – peuvent espérer trouver une valorisation de leur engagement dans la démarche, via le marché volontaire du carbone.

Le diagnostic CAP’2ER est homologué dans la méthodologie Carbon Agri de labellisation des réductions d’émission de GES pour que l’exploitant puisse les certifier et envisager de les monétiser. L’association France Carbon Agri a été créée ppur œuvrer en ce sens. Elle permet aux éleveurs de déléguer la charge de certification et la vente des crédits carbone. Un premier appel à projet collectif a d’ores et déjà permis d’embarquer quelque 300 élevages.

 

Un déclic

La rémunération carbone envisagée pour les éleveurs laitiers se situe autour de 30 euros/tonne sur le marché volontaire. Des plans d’action plus contraignants, qui intéressent certains acheteurs exigeants, dépassent 80 à 100 €/t, comme la plantation de haies par exemple. En général, la vente du crédit carbone ne bouscule pas le modèle économique, mais elle contribue à constituer un revenu complémentaire de l’atelier. Elle devrait ainsi permettre de récompenser les efforts réalisés et d’intéresser un plus grand nombre d’exploitations. Alexis Dufumier

(1) Centre national interprofessionnel de l’économie laitière.