Saisie en 2015 par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et par la Répression des fraudes (DGCCRF), l’Anses publie un avis relatif à l’identification et à la caractérisation des dangers microbiens liés aux matières premières d’origine végétale utilisées en alimentation animale. « Les aliments fabriqués à la ferme (FAF), y compris les fourrages verts (affouragement en vert, pâturages, fourrages conservés et parcours herbeux) ont été pris en compte », précise l’Anses.

 

Dans cette étude, « les experts ont considéré uniquement comme animaux cibles les animaux de production, tels que les ruminants (bovins, ovins, caprins), les porcs, les volailles, les lapins et les poissons. » Les dangers microbiens pour l’être humain et pour l’environnement ont également été intégrés dans l’analyse.

Les espèces bactériennes sont les plus dangereuses

D’après la hiérarchisation établie par l’Anses, la bactérie Listeria monocytogenes est l’un des dangers microbiens les plus importants en alimentation animale. « Ce danger microbien est particulièrement associé aux fourrages ensilés ou enrubannés destinés à l’alimentation des ruminants ». Et « le risque est d’autant plus élevé que la technique d’ensilage ou d’enrubannage n’a pas été correctement réalisée », souligne l’Anses. Le risque est également élevé dans les matières premières non traitées (céréales, tourteaux…) utilisées pour l’alimentation des ruminants.

 

En seconde place figure Salmonella spp. qu’on retrouve dans les matières premières non traitées destinées à l’alimentation des volailles, des porcs et des ruminants. « Les voies d’introduction de ce danger microbien sont principalement les matières premières contaminées en amont et qui ne subissent aucun traitement de décontamination avant leur distribution, en l’état aux animaux », détaille le rapport.

 

D’autres dangers microbiens sont également ressortis de l’analyse, en particulier en relation avec les techniques d’affouragement en vert et le pâturage pour les ruminants :

  • Les Escherichia coli STEC. Leur risque de transmission via l’alimentation est favorisé lorsque le pâturage est contaminé par les matières fécales des animaux et les épandages non maîtrisés ;
  • Mycobacterium bovis. Leur risque d’infection est lié principalement aux pâturages, habitats que les animaux d’élevage partagent fréquemment avec des espèces sauvages pouvant être infectées ;
  • Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis, agent étiologique de la paratuberculose des ruminants. « Les fécès des animaux malades ou infectés asymptomatiques constituent la principale source d’infection », relate l’Anses.

 

Les recommandations pour limiter les risques

Pour limiter la contamination microbienne des cultures et/ou des troupeaux, la bonne gestion des fumiers et des lisiers est primordiale, « en particulier, le respect du délai entre l’épandage de déjections animales sur des terres agricoles et la gestion raisonnées de ces terres », appuie l’Anses.

 

Pour les filières à risque telles que la production de lait cru, « les experts préconisent d’évaluer les risques liés à l’utilisation de fourrages ensilés et/ou enrubannés afin d’identifier des leviers de prévention ou des protocoles de surveillance. »

 

Concernant la FAF, dont les risques microbiens sont encore méconnus, les experts recommandent de « mieux recenser ses pratiques utilisées dans toutes les filières de production » et de « mieux mesurer les risques microbiens encourus ».

 

Parmi les recommandations figurent enfin « la mise en place et l’utilisation de méthodes de caractérisation plus élaborées, basées par exemple sur le génotypage des souches bactériennes ». Cela permettrait notamment de mieux cerner l’origine de la contamination de certaines denrées alimentaires.