Auditionné au Sénat au sujet des SDHI le 23 janvier 2020, Roger Genet, directeur général de l’Anses (1), a affirmé qu’il n’y avait à ce jour « aucun élément qui appuierait une réévaluation des autorisations de mise sur le marché [des fongicides contenant des SDHI] en urgence ». Après le relais à l’international de l’alerte lancée par l’équipe de Pierre Rustin, directeur de recherche à l’Inserm (2), il affirme qu’« aucun élément n’est venu confirmer l’existence d’une alerte sanitaire qui pourrait conduire au retrait des AMM ».
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L’usage fait le risque
Pierre Rustin a également été auditionné. Il a insisté sur le fait que les SDHI n’ont pas de spécificité et bloquent la respiration de toutes les cellules sans distinction. Sur cette question, Roger Genet a répondu que les produits phytosanitaires étaient « toxiques par construction ». « C’est ensuite l’usage et la dose qui nous fait dire que nous n’avons pas de risque inacceptable pour l’Homme ou l’environnement », a-t-il précisé.
Faire évoluer les tests in vitro
Au sujet de la toxicité des SDHI pour les cellules que met en évidence l’étude de Pierre Rustin, Roger Genet affirme que « ce n’est pas inattendu, c’est déjà décrit » dans la littérature scientifique. « Ce que Pierre Rustin souligne et qui est intéressant, continue-t-il, c’est qu’il n’y a pas de test qui soit aujourd’hui homologué au niveau européen et qui prenne spécifiquement en compte la toxicité mitochondriale, qui pourrait être sous-estimée dans les tests in vitro. Là, je crois qu’il a raison. » Et de préciser que l’Anses attend l’avis de l’Inserm sur la question.
« Est-ce que pour autant, cela remet en cause l’évaluation des produits telle qu’elle est conduite ? Bien sûr que non. Au-delà de ces études in vitro, on prend en compte des études in vivo. Aujourd’hui sur ces études in vivo, on n’a pas de signal qui monterait un effet qui fasse craindre un risque sanitaire. Là est la question », a-t-il conclu.
En France, 54 produits contenant une ou plusieurs des 11 substances actives autorisées par l’Union européenne faisant partie de la famille des SDHI bénéficient d’une AMM.
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.(2) Institut national de la santé et de la recherche médicale.