L’ambroisie à feuille d’armoise est une espèce exotique envahissante annuelle pouvant être très préjudiciable aux cultures, en particulier tournesol et soja. « Les pertes de rendement en tournesol peuvent être de 3 q/ha par tranche de 10 ambroisies au m2 », indique Fanny Vuillemin, ingénieure chez Terres Inovia, qui souligne l’absence de références chiffrées pour le soja. Le pollen de l’ambroisie est aussi très allergisant : l’enjeu, d’un point de vue agricole et sanitaire, est donc de limiter au maximum la présence de l’espèce. Dans les systèmes intégrant des cultures d’hiver (recommandé pour casser le cycle de l’adventice), des interventions durant l’interculture longue sont préconisées : « les levées s’échelonnent de mars à septembre, avec une explosion dès la récolte du précédent grâce à l’accès à la lumière », précise Fanny Vuillemin.
De juillet à septembre, l’objectif sera double : détruire les ambroisies déjà présentes dans les chaumes et réduire le stock semencier par levées puis destructions. Dans les chaumes, il faut intervenir mécaniquement tôt après la récolte, à plus de 5 cm de profondeur et de préférence par temps séchant. Des passages croisés pourront être réalisés en cas de forte pression. À l’inverse, un travail du sol plus superficiel avant une pluie significative et un rappuyage au rouleau sont à privilégier pour l’opération de déstockage (faire lever puis détruire). Ces deux techniques combinatoires doivent être réalisées avant la floraison de l’ambroisie, en plusieurs passages.
En mars-avril, période où les levées reprennent sur un nouveau cycle, l’objectif est de réaliser des faux semis. Les essais de Terres Inovia ont montré que le décalage de la date de semis du tournesol ou du soja, d’une quinzaine de jours, combiné à une destruction chimique, permet de réduire significativement le nombre d’ambroisies. « Sur les essais de 2021 en tournesol, un semis fin mars présentait fin juin 112 ambroisies au m2, contre 45 fin juin pour un semis de mi-mai. Sur cette modalité, il y avait, fin juin, 31 ambroisies au m2 avec une destruction mécanique contre 13 avec du glyphosate », illustre l’ingénieure de Terres Inovia. Les conclusions étaient similaires sur l’essai soja de 2016, avec 110 ambroisies au m2 comptées fin juillet pour un semis début mai, contre 39 pour un semis mi-mai.
Détection par drone
L’utilisation de drone pour la gestion des ambroisies est un autre levier exploré par Terres Inovia, dans le cadre d’un projet financé par la Région Nouvelle-Aquitaine mené en partenariat avec la société Téléspazio (1). L’outil, déjà opérationnel et commercialisé pour de la détection en fin de cycle, est en cours de développement pour les périodes d’interculture et de tout début de cycle des cultures d’été. Les cartes produites permettent, ou permettront, d’aider à la prise de décision d’un point de vue agronomique (faux semis, gestion des couverts, désherbage localisé…). « À l’échelle du territoire, cette cartographie s’adresse plutôt à des gestionnaires comme les collectivités mais cela permet aussi d’informer les agriculteurs de la problématique », précise Fanny Vuillemin.
(1) La chambre d’agriculture de la Nouvelle-Aquitaine et la Fredon étaient également partenaires du projet de 2021.