Dès la fin de juin, les prairies sont grillées au Gaec de la grande Haquet. Installés à Sepmes dans l'Indre-et-Loire, Gaby Barillet et Denis Rigault ont trouvé une solution pour faire pâturer leur troupeau de 85 vaches laitières de la mi-juillet jusqu’à septembre. « Au départ, nous leur en donnons quelques-unes au godet pour qu’elles s’habituent. Et rapidement, les plus anciennes montrent aux plus jeunes comment les manger », explique Gaby. Les vaches mangent les betteraves au fil, 2 à 3 rangs par jour, avec environ 10 % de refus. « C’est difficile de juger. Mais si elles ne sont pas pressées de rentrer, c’est qu’elles n’ont plus faim ! », ajoute Denis, qui estime la consommation de betteraves à 24,5 kg de matière brute par vache et par jour.
En plein été, avec les fortes chaleurs, les laitières sont en bâtiment la journée et sortent pâturer vers 19-20 h, après la traite du soir. Elles rentrent le matin pour la traite, la distribution de la ration peut alors être légèrement décalée dans la matinée, soit « un jour et quelques heures » entre deux rations. « Le pâturage des betteraves nous ajoute du travail : environ 30 minutes pour déplacer le fil tous les jours et remplir la tonne à eau. A contrario, nous n’avons pas à racler la stabulation », estime Gaby, qui est suivi par le programme « Herbe et fourrage » de la Région Centre.
Moins de fourrages à l’auge
Quand les vaches pâturent les betteraves, les éleveurs réduisent l’alimentation distribuée à l’auge. C’est l’intérêt de cette technique. La ration distribuée reste peu ou prou la même (avec toutefois une diminution de la quantité d’ensilage de maïs mais un maintien des minéraux), à ceci près qu’elle est préparée pour 60 têtes au lieu de 85. Cela permet d’économiser environ 25 % de matière au total. La ration à l’auge est composée de 20 kg bruts d’ensilage de maïs, 11 kg d’ensilage de ray-grass, 6 kg d’ensilage de luzerne, 6 kg d’ensilage de trèfle violet, 4 kg de tourteau de soja, 2 kg de farine de maïs et 1,6 kg d’orge par vache. La production laitière est stable, autour de 10 000 l par vache et par an, avec cinq races différentes. Le coût de l’alimentation qui est de 4,65 €/VL/j sans pâturage des betteraves et chute à 3,50 € avec le pâturage, ce qui permet d’économiser 4 887 € sur cinquante jours.
Le coût de production de la betterave, autour de 637 €/ha, est inférieur à celui du maïs, dont la quantité d’énergie apportée est équivalente. Les associés implantent 3 ha de betteraves sur leurs 138 ha, le plus tôt possible, autour du 25 avril, après une dérobée. Cette année, les éleveurs ont préparé le sol avec deux passages de décompacteur à disques avant de semer. « Le gros point noir, c’est le désherbage », juge Gaby, qui réalise trois passages d’anti-dicotylédones. Il apporte également 30 unités d’azote et 150 unités de potasse. Avec cette culture pâturée, les éleveurs économisent presque de 3 000 €/an, tout en gardant la même production laitière.