Les relations se réchauffent entre agriculteurs et énergéticiens. Si les développeurs solaires ont été longtemps mal perçus par une large part de la profession, les projets alliant production photovoltaïque et productions agricoles sont de plus en plus nombreux. Les échanges entre les filières se veulent constructifs, en témoigne la large place accordée à l’agriculture au colloque national photovoltaïque, à Marseille le 6 juillet 2022.

 

À lire aussi : Photovoltaïsme au sol, les panneaux de la discorde (15/05/2020)

 

L’événement, organisé par le Ser (syndicat des énergies renouvelables) réunissait de nombreux acteurs de la filière solaire. Plusieurs agriculteurs ont participé à la table ronde-sur l’agrivoltaïsme : Pascal Chaussec, président de l’Apepha (agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés), Julien Rouger, administrateur de JA, ou encore Frédéric Marcato, directeur de la recherche et du développement de la coopérative Vivadour.

Engouement et prudence

L’optimisme et l’engouement étaient de mise, avec une prudence néanmoins affichée du côté des agriculteurs. S’il apparaît encore compliqué de définir clairement ce qu’est l’agrivoltaïsme, il a été martelé à plusieurs reprises ce qu’il n’est pas : « Ce n’est pas quelques moutons ou canards sous un champ de panneaux solaires », a commencé Julien Rouger.

 

Pascal Chaussec a poursuivi en rappelant qu’il fallait prioriser les toitures et les dents creuses des exploitations : les surfaces non cultivables et difficilement valorisables, « Mais cela ne suffira pas, il faut nous approprier ce développement, que les projets émanent des agriculteurs eux-mêmes. La méthodologie mise en avant par l’Ademe pose une base intéressante. »

 

À lire aussi : L’Ademe publie une étude complète sur l’agrivoltaïsme (29/04/2022)

Diversité des modèles

Ce qui est sûr, c’est que les modèles varient grandement suivant les projets et les productions agricoles concernées. Pour les coopératives diversifiées, comme Vivadour, il est difficile d’ériger un système en exemple. « C’est encore un peu la pagaille, il faut des clarifications sur les aspects techniques, administratifs et économiques », a estimé Frédéric Marcato.

Face à l’urgence de développer un modèle énergétique durable et souverain, tous semblent d’accord pour que l’agriculture fasse sa part. « Selon les dispositifs agrivoltaïques, la surface occupée par les panneaux varie de 10 à 50 %. On parle d’objectifs à 60 000 ha en agrivoltaïsme avant 2050. Cela fait 0,2 % de la surface agricole du pays », relativise Pascal Chaussec.

 

« Ce sont des parcelles où l’activité agricole est maintenue, parfois des opportunités pour installer des jeunes ou ramener de l’élevage dans des zones où il disparaît », ajoute-t-il. L’histoire entre le photovoltaïque et l’agriculture est loin d’être finie. « Maintenant il faut qu’on travaille main dans la main, monde agricole et énergéticiens », a conclu Julien Rouger.

 

À lire aussi : Le futur énergétique de la France passe par l’agriculture (29/10/2021)