À Castelnau-Montratier, Guillaume Ratz produit du fourrage pour ses vaches laitières et des cultures de vente. En 2013, il s’est converti à l’agriculture de conservation des sols (ACS), avec un objectif de simplification et de gain de temps. « Quand je me suis installé en 2000 sur la ferme familiale, nous étions quatre en Gaec. Depuis 2018, je suis seul, avec un salarié. La surface a par ailleurs augmenté, atteignant 155 ha », explique-t-il.
Avant, l’agriculteur cultivait 40 ha de maïs ensilage, 15 ha ray-grass ensilé, et complétait la ration avec 3 kg de soja importé par vache et par jour. « J’avais aussi environ 8 ha de céréales que je vendais. Je travaillais le sol à l’automne et j’avais zéro couverture des sols l’hiver », se souvient-il. Le semis direct lui a donné l’opportunité de faire de la double culture : un méteil (pois, vesce, féverole, avoine, seigle, trèfle) pour la protéine est suivi d’un maïs épi pour apporter de l’énergie au troupeau, sur 30 à 35 ha irrigués.
Maïs semé plus tard
La vesce et le pois reprenant lentement leur croissance à partir de la fin de mars, le méteil a besoin de temps pour se développer. Le maïs est donc semé autour du 10 mai plutôt que le 15 avril habituellement, après un apport de lisier de l’exploitation. « J’ai changé les indices de précocité, explique Guillaume Ratz. Désormais, je raisonne en somme de températures. Je recherche 1 900 à 1 950 degrés jours, et vise une récolte au 15 septembre. » Le méteil est semé peu après la récolte du maïs, après un autre apport de lisier, puis l’agriculteur n’intervient plus jusqu’à son ensilage.
La double culture a permis de diviser la consommation de soja par trois, et de libérer de la surface. Désormais, l’agriculteur cultive 40 ha de céréales destinées à la vente. Il a introduit du tournesol, seule culture qu’il ne sème pas en direct, et un peu de soja selon la météo. Sur les parcelles les plus éloignées, où les chantiers d’ensilage sont difficiles à mener, se succèdent cinq ans de luzerne qui est fauchée, et des céréales ou cultures de printemps.
« La rotation n’est jamais écrite à l’avance »
« En ACS, la rotation n’est jamais écrite à l’avance. Je sais que je dois semer du maïs, du méteil et de la luzerne pour mes vaches. Ensuite, je suis libre dans le choix des cultures et des parcelles où elles seront semées », résume-t-il. Les méteils qui ne sont pas ensilés servent de couvert, et sont détruits au glyphosate, avant ou juste après le semis du maïs. « Quand le couvert est très haut, le maïs est semé directement dedans. Au passage du semoir, le méteil est couché avec un rouleau packer. Puis je passe du glyphosate à 1,5 l/ha. Je fais ensuite un désherbage de rattrapage en postlevée », décrit-il.
Sol’iflore, un projet avec l’Apad
Guillaume Ratz fait partie de l’association Clac Sol, qui adhère à l’Apad (1). C’est dans ce cadre que depuis 2022, il accueille sur son exploitation une plateforme du projet Sol’iflore, qui vise à semer, après un couvert, une culture de printemps (maïs) sans travail du sol et sans glyphosate.
Plusieurs couverts sont par ailleurs testés, fertilisés ou non, dans l’objectif d’obtenir une parcelle propre avant de semer le maïs (voir le tableau). « Le projet n’est financé que deux ans, on n’a pas le temps de s’attarder sur ce qui ne fonctionne pas, explique l’agriculteur. On a éliminé l’avoine car elle repart facilement. » Cette campagne, la troisième et dernière de Sol’iflore, se concentre notamment sur le sorgho et le moha, qui ont apporté satisfaction.

La première année de l’essai, l’agriculteur n’a pas utilisé de chimie sur le maïs. « La parcelle a été envahie de picris, aussi appelée fausse vipérine, qui a asphyxié le maïs », rapporte-t-il. Associé au projet, Roll’n Sem a prêté son outil, Orbis, pour nettoyer l’interrang. « Il a bien fonctionné, mais il aurait fallu le repasser une ou deux fois », analyse Guillaume Ratz. En deuxième année d’essai, le passage d’un désherbant, le 2,4-D, a permis de maîtriser l’adventice.
(1) Association pour la promotion d’une agriculture durable.