Présente au Salon international de l’agriculture le 27 février 2023, la Première ministre a déjeuné avec l’ensemble des membres du Conseil de l’agriculture française, ainsi que la Coordination rurale et la Confédération paysanne. Elle y aurait annoncé une aide d’urgence de dix millions d’euros pour les producteurs bio en difficulté.

Une enveloppe en deçà des espérances

« Cette annonce a été faite sans daigner nous contacter », dénonce Philippe Camburet, le président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) contacté par La France Agricole, au lendemain de la visite d’Élisabeth Borne. Ce dernier dénonce le « mépris vis-à-vis des producteurs en difficulté ».

« Nous avons chiffré le manque à gagner pour nos producteurs que nous avons présenté au cabinet du ministre la semaine dernière, explique l’élu. Déjà 60 à 70 millions d’euros pour la filière laitière et plusieurs dizaines de millions en fruits et légumes. » Bien loin, du budget de 10 millions d’euros qu’accorderait l’État.

« À la Confédération paysanne, nous avions chiffré l’aide d’urgence à environ 15 000 € par exploitation agricole, explique Laurence Marandola, secrétaire nationale du syndicat. Avec 10 millions d’euros, cela revient à peine à une aide de 170 € par ferme. Pourtant, le président de la République, qui nous a reçus la semaine dernière, avait estimé qu’il était justifié d’apporter un soutien à la trésorerie des exploitations bio en difficulté. »

Pas d’avancée sur l’application d’Egalim

Alors que la profession tire la sonnette d’alarme sur la pleine application d’Egalim, notamment en termes d’approvisionnement bio dans la restauration collective, aucun plan d’action n’aurait été formulé par Matignon. « Nous n’avons aucune information sur Egalim et ses débouchés potentiels », regrette Philippe Camburet. « Rien de plus formel que l’objectif des 20 % de produits bio en restau co », souligne de son côté Laurence Marandola.

Pour dénoncer le « mépris » de l’État face à la situation, la Confédération paysanne accompagnée de la Fnab, du Syndicat des entreprises agroalimentaires bio (Synabio) et de la Fédération des organisations économiques 100 % bio (Forébio) ont réalisé une action surprise sur le stand de l’Agence bio, le 28 février après-midi. On pouvait y lire « Bio méprisée, bio enterrée ».