Arnaud Gautsch est agriculteur dans la commune de Witternheim dans le Bas-Rhin. Il est à la tête de l’EARL Gautsch, une exploitation de polyculture-élevage qui comprend 22 000 poules pondeuses, 3 hectares de vignes et environ 50 hectares de cultures en agriculture biologique. Depuis cette année, il implante son soja avec son semoir fait « maison ».

Coût et problèmes agronomiques
Jusqu’à l’année dernière, il faisait appel à une entreprise équipée d’un semoir monograine. Mais en plus d’avoir un certain coût, cette solution lui a apporté quelques soucis agronomiques. « Il y a deux ans, j’ai remarqué que dans mes sols les moins portants, les roues plombeuses du semoir avaient tendance à trop tasser la ligne de semis. Cette bande de terre comprimée favorisait la pousse des adventices sur le rang. De plus, cette croûte m’empêchait de désherber correctement le rang avec la herse étrille. »

Une rampe « maison »
Afin de remédier à ces problèmes, Arnaud a décidé de fabriquer son propre outil. Au printemps dernier, il a donc acheté un semoir Roger R-400 d’occasion. « Au début, je voulais en faire une trémie frontale. J’ai alors fabriqué un châssis autour de la trémie, pour l’atteler devant mes tracteurs. L’objectif était de semer mes engrais verts avec, mais le débit de la distribution était trop faible pour les grosses graines. »

L’agriculteur a alors choisi d’ulitiser cette réalisation pour construire un semoir, en vue d’implanter lui-même son soja. La trémie est alors repassée sur l’attelage arrière. Elle a été couplée à une rampe faite « maison », composée de 10 rangs à 50 cm d’écartement. « Je suis parti d’un ancien châssis de bineuse à maïs que j’ai rallongé pour le passer de 4 à 6 m. De celui-ci, j’ai aussi conservé le système de repliage. J’ai installé des roues d’andaineur sur ce châssis. Avec le troisième point du tracteur, elles servent à régler la profondeur de semis. »
Arnaud a aussi ajouté des tubes carrés au châssis pour fixer ses éléments de semis.

Ces derniers sont composés de disques provenant d’un semoir Nodet-Gougis. Les supports ont été récupérés sur le semoir Roger. Deux descentes sont installées sur chaque élément pour réussir à appliquer la dose de 800 000 graines de soja par hectare. En sortie de la distribution, les tuyaux sont maintenus par deux barres pour éviter qu’ils ne bougent et ne sortent de leur logement. « Avec cet outil, je sème à une vitesse d’environ 4 km/h », précise Arnaud.
Optimiser le semoir
Afin de garder de la polyvalence, le châssis réalisé sous la trémie est toujours attelable à l’avant du tracteur. « Dans cette configuration, je vais devoir fabriquer une seconde rampe de semis. Elle servira pour mes couverts végétaux. Elle sera combinée à une herse étrille, ou une herse plate, installée sur le relevage arrière du tracteur. Je vais aussi revoir le repliage pour que les traceurs puissent s’imbriquer. J’ai également en projet d’ajouter des disques crénelés orientés à 45° devant les éléments. Ils vont creuser la terre et chasser les pierres et les débris. Je pense aussi monter une rampe de pulvérisation. »
Paul Denis