Christian Valière est agriculteur à Sanvensa, dans l’Aveyron. Il élève un troupeau de 40 vaches allaitantes et possède 35 ha de terres, dont 4 ha de céréales et 7 ha de maïs.
« Je cure ma stabulation une fois par jour, le matin après avoir distribué la nourriture à mes bêtes. Le reste de la journée, elles restent en pâture. J’ai fabriqué le repousse-fourrages car j’en avais assez de repousser l’ensilage à la main. Et j’ai conçu le rabot pour qu’il s’adapte rapidement à ma fourche. Cela m’évite d’avoir plusieurs tracteurs pour effectuer toutes les tâches. Lorsque je me sers de ces matériels, la pailleuse est attelée à l’arrière pour faire office de contrepoids. En outre, ils optimisent mon temps de travail et m’épargnent de descendre du tracteur pour changer l’outil attelé sur la fourche. »
Plusieurs essais
« J’ai construit mon repousse-fourrages et mon rabot à lisier en partant de zéro. À l’origine, j’utilisais juste mon godet grappin pour accomplir l’ensemble des travaux de manipulation de l’aliment. »
La première version de son repousse-fourrages était une simple poutre en bois mais elle s’usait beaucoup sur le béton. « Je suis ensuite passé sur un système en forme de V, intégralement en acier. Cependant, lors des chocs, au lieu de se déformer, il cassait net. Pour la version finale, j’ai donc réalisé un châssis en acier avec des tubes carrés et des poutrelles. Pour combler les trous, j’ai installé des panneaux de bois. Pour l’attacher sur le tracteur, je glisse ma benne à grappin dans le châssis. Une fois la benne en butée, je viens fermer mon grappin afin qu’il appuie sur une barre métallique et qu’il bloque complètement l’outil », indique l’agriculteur.

Le châssis est monté sur un système pendulaire qui bascule d’avant en arrière, ce qui facilite le suivi du terrain avec l’outil. Le repousse-fourrages fait 2,70 m de large pour passer dans un couloir d’alimentation de 4 m.
Le rabot a lui été conçu entièrement en acier. Il est constitué de tôles et de poutres métalliques. « Pour le rabot à lisier, j’ai fait une encoche sur la benne que j’ai renforcée afin qu’il soit bien solidaire du godet. Celle-ci est également utile lorsque je passe le rabot en marche arrière car elle retient l’ensemble. Il arrive parfois que les bords du rabot plient et je dois régulièrement ressouder les tôles car elles ont tendance à s’oxyder et, donc, à s’user rapidement. »
Huit heures de travail
« J’ai mis environ deux après-midi à fabriquer ces matériels. Je les ai pensés et construits seul. Ils me servent depuis vingt ans. Généralement, je commence à distribuer mon ensilage à la fourche crocodile, puis j’ai recours au repousse-fourrages en forme de V pour bien l’étaler. Une fois que les bêtes repartent dans la pâture, il me permet de nettoyer ma table d’alimentation en reculant et en la raclant, afin d’enlever les refus facilement », décrit l’éleveur.
Les deux outils peuvent aussi avoir d’autres emplois, par exemple chasse-neige ou pour étaler des cailloux.
Paul Denis