« Quand la plupart des agnelles se positionnent d’elles-mêmes sur le quai de traite dès les premiers jours, l’ambiance est beaucoup plus calme ! », relève Manon Rinn, responsable du troupeau à la ferme de la Cazotte, au lycée agricole de Saint-Affrique dans l’Aveyron. La première semaine de traite est en effet un moment stressant pour les agnelles comme pour les éleveurs, souvent fatigués après la période de l’agnelage et des soins aux nouveau-nés.

Dans le cadre du programme national AstravOvin sur l’allègement de l’astreinte, l’équipe de la ferme a mené des essais sur le dressage des agnelles en 2021 et 2022. « L’objectif est de les faire passer à la salle de traite deux mois avant l’agnelage afin qu’elles s’habituent au lieu et à la contention », explique Manon Rinn. Celles-ci doivent être assez grandes pour entrer la tête dans le cornadis, sans être en fin de gestation afin de ne pas prendre de risques.

« Un passage par jour durant une semaine suffit pour les habituer. À la fin de cette période, elles entrent et sortent sans difficulté de la salle de traite », observe-t-elle. Les premiers jours, mieux vaut être à deux ou trois pour guider chacune jusqu’au cornadis, où une petite dose de concentré l’attend. « Afin de les habituer au bruit, nous mettons également la machine à traire en marche. »

Des animaux plus calmes

Au démarrage de la traite, le comportement des agnelles dressées est bien différent de celui du lot témoin constitué d’agnelles novices. « Celles-ci, plus agitées les premiers jours, sont seulement 27 % à accepter facilement la pose des manchons trayeurs contre 72 % dans le lot d’agnelles dressées », note Manon Rinn.

De ce fait, les premières traites durent plus longtemps avec les agnelles novices. Le niveau sonore des bêlements, qui est un marqueur de stress, est également plus élevé. « Il grimpe à plus de 90 décibels au début, au-dessus du seuil de risque pour l’audition, alors que pour les agnelles dressées il ne dépasse pas 80 décibels. »

Ces résultats ont été confirmés dans un essai mené chez un éleveur par Mélanie Moreau, de la chambre d’agriculture de la Lozère. « J’ai observé le comportement de deux lots. Les agnelles déjà habituées à la salle de traite étaient plus calmes que les novices, avec beaucoup moins de décrochages », souligne-t-elle. La principale contrainte pour mettre en œuvre ce dressage reste de pouvoir prendre du temps avant l’agnelage, ce qui est plus ou moins facile en fonction des périodes de traite et du calendrier de travail de chaque éleveur.