« Genève est souvent présenté comme un canton sans chasse. C’est faux, il n’y a plus de chasse privée mais une régulation est opérée sur les animaux causant des dégâts dans les cultures », explique François Erard, directeur de l’association Agrigenève. « La régulation est une de nos missions parmi d’autres, comme la sensibilisation des citoyens à la biodiversité, le monitoring de la faune, la prévention et l’indemnisation des dégâts », explique Yves Bourguignon, responsable du secteur des gardes-faunes du canton.
Loin des battues effectuées en France, les gardes-faunes réalisent des surveillances régulières ou interviennent à la demande des agriculteurs lorsque des dégâts sont constatés. « Pour effectuer des tirs lorsque les conditions sont remplies, nous travaillons de nuit, de façon ciblée, à la lunette thermique », explique le chef des douze gardes-faunes. Sur la période de 2021-2022, 294 sangliers ont été abattus dans le canton de Genève.
Indemnisés par l’État
Les agriculteurs sont indemnisés par l’État pour les dégâts constatés, le plus souvent sur les vignes et les cultures. En 2022, le coût des dégâts s’élevait à plus de 305 000 francs suisses (1). Si les agriculteurs sont dans une zone à risque, ils sont en partie indemnisés pour mettre en place des mesures de prévention.
« Les agriculteurs doivent poser des clôtures et les entretenir », explique François Erard. Rien qu’en 2022, 57 800 mètres linéaires de clôtures ont été posés. Si les mesures de prévention ne sont pas réalisées, l’indemnisation en cas de dégâts n’est pas due. Afin de suivre l’évolution de la situation, les agriculteurs et les gardes-faunes se rencontrent une fois par an pour échanger sur les difficultés rencontrées. Chaque agriculteur est aussi invité à informer les gardes-faunes quand il débute une culture à risque comme le maïs.
Des dégâts exponentiels de corvidés
En plus des sangliers et des chevreuils, le monde agricole doit aussi faire face aux dégâts de corvidés. « Notre expérience indique que le tir de régulation n’est pas forcément le plus efficace dans ce cas-là. On favorise d’autres solutions comme l’intervention d’un fauconnier ou des tirs ponctuels pour les effaroucher », raconte Yves Bourguignon. Le coût des dégâts des corbeaux freux représente 90 000 francs suisses en 2022.
Il y a également une forte concentration de cerfs pour laquelle les agriculteurs demandent une régulation. « Pour qu’une telle décision soit prise, nous devons obtenir les préavis des deux commissions — la commission consultative de la diversité biologique qui réunit des représentants de différentes organisations et la commission de la régulation de la faune. Sur la base de ces deux avis, le Conseil d’État décidera s’il autorise ou non la régulation », explique François Erard. Sur les sujets de la faune sauvage, le débat sociétal est toujours rude, en Suisse comme en France.
(1) 1 € = 0.99 franc suisse.