« La signature d’un accord Mercosur-UE est imminente », a assuré jeudi à Buenos Aires le président brésilien lors d’une déclaration conjointe avec son homologue argentin. « Nous serons tous gagnants avec un tel accord : le Brésil, l’Argentine et les autres pays du bloc », a-t-il souligné. De son côté, Mauricio Macri a indiqué que les deux blocs étaient « très proches d’un accord. »

 

Le dialogue entre le Mercosur et l’UE s’est intensifié depuis l’arrivée au pouvoir de M. Bolsonaro. Mardi, le ministre brésilien de l’Économie, Paulo Guedes, avait estimé que l’accord pourrait être conclu dans « trois ou quatre semaines ».

 

Le 22 mai, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, avait déclaré que l’UE et le Mercosur se rapprochaient d’un accord. Selon elle, la Commission européenne espère parvenir à une conclusion avant la fin de son mandat et l’arrivée d’une nouvelle Commission après les élections européennes.

Fin de juin ou début de juillet, après le G20

Les Sud-Américains espèrent conclure avant la présidentielle argentine du 27 octobre, car la réélection de Mauricio Macri est loin d’être acquise, et ils redoutent qu’un accord soit impossible en cas de victoire de l’opposition, peu favorable au libre-échange.

 

Jusqu’ici, les négociations ont achoppé sur l’agriculture et la réticence de l’UE à ouvrir son marché aux produits sud-américains, notamment la viande et le sucre, et sur le secteur automobile. Cet accord est surtout redouté par les producteurs de viande.

 

En France, la FNSEA s’inquiète des « conséquences catastrophiques d’un tel accord. « Le Brésil et l’Argentine, où les modèles de production sont soumis à des normes environnementales, sociales et phytosanitaires bien inférieures à celles en vigueur en France, bénéficient de coûts de production ultra-compétitifs, dénonce la FNSEA.

 

« Les réunions techniques durent depuis 20 ans avec le Mercosur. Nous constatons qu’il y a des progrès, a dit mardi le commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, « et que des concessions substantielles ont été faites pour la première fois par des pays du bloc sud-américain.

 

« Nous verrons dans les prochaines semaines s’il est possible d’avoir une réunion ministérielle de nature à conclure ces négociations. Mais j’adresse une mise en garde, nous avons déjà été dans le passé dans cette situation, à plusieurs reprises, a ajouté Phil Hogan, pour rappeler les précédents espoirs déçus.

Pour l’UE, « il reste encore du travail »

La Commission européenne a ainsi prévenu vendredi qu’il restait « encore du travail » avant d’aboutir à un accord commercial entre l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). « La Commission européenne salue et partage l’engagement politique du Mercosur et sa volonté de mener à bien les négociations commerciales en cours », a déclaré une porte-parole de l’exécutif européen. Mais « pour ce faire, il reste encore du travail à faire au niveau technique », a-t-elle ajouté. « Certaines questions, y compris des demandes clés de l’UE, restent en suspens », a précisé cette source.

 

« Il est vrai que ces six derniers mois, nous avons fait d’énormes progrès des deux côtés », a affirmé jeudi la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström, pour qui il n’est « pas impossible » que l’accord puisse être conclu avant la fin de cette Commission le 31 octobre. « Il reste encore, comme toujours, des points difficiles et des sensibilités », a-t-elle cependant ajouté, citant « l’agriculture ».

 

Les négociations sur un accord commercial entre le Mercosur et l’UE ont commencé en 1999. À plusieurs reprises, les deux parties avaient déclaré être proches d’un accord final sans y parvenir.

 

Déjà à la fin de 2017, le gouvernement argentin espérait parvenir à un accord à l’occasion du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Buenos Aires, mais des divergences, notamment sur le chapitre agricole, ont empêché un compromis.

 

Au cours des derniers cycles de négociation, les parties s’attelaient à rapprocher les positions sur les produits laitiers, les transports maritimes et les vins et spiritueux.

 

Une source européenne proche des négociations a expliqué que si les réunions en marge du G20 au Japon étaient concluantes, un accord pourrait être paraphé à Bruxelles à la fin de juin ou au début de juillet.