La filière agricole emploie plus du quart du million de travailleurs saisonniers recensés en France dans tous les domaines économiques.

C’est la première fois que le ministère du Travail peut comparer l’emploi saisonnier dans les différents secteurs employeurs en utilisant les déclarations sociales nominatives (DSN) qui ont été généralisées en 2017.

 > Voir aussi :La France Agricole employeur

Qui emploie le plus de saisonniers en France ? L’agriculture, considérée au sens large c’est-à-dire avec la première transformation (conserverie) et le commerce de gros, est le premier employeur de saisonniers (270 000 personnes), suivi de trois secteurs fortement liés au tourisme : la restauration (200 000), l’hébergement (180 000) et le divertissement (140 000).

Ouvriers non qualifiés

La viticulture (21 %), le maraîchage (18 %) et l’arboriculture (18 %) sont les premiers employeurs de saisonniers agricoles. Les principales régions agricoles employeuses de saisonniers sont donc les zones viticoles (Gironde, Marne, Gard et Paca), le Maine-et-Loire (cultures spécialisées), la Bretagne (légumes) et les Hauts-de-France (légumes de plein champ et céréales).

Qui sont les travailleurs saisonniers agricoles ?

Les saisonniers agricoles se distinguent des saisonniers des autres secteurs par leur profil sociologique. Ils sont quasi tous des ouvriers non qualifiés et majoritairement des hommes (62 %). Les saisonniers des autres secteurs, quant à eux, sont majoritairement (53 %) des employés et la parité homme-femme y est respectée.

Les saisonniers agricoles sont aussi bien plus âgés que dans les autres secteurs : la proximité des moyennes d’âge (36 ans contre 31 ans) ne témoigne qu’à la marge de la forte proportion de seniors de plus de 50 ans en agriculture (23 % contre 12 %) et la faible présence des jeunes entre 15 et 24 ans (30 % contre 44 %).

Une population distincte

Avec ces mêmes critères, la population des saisonniers agricoles se distingue aussi des autres salariés en agriculture. Les salariés en CDI ou en CDD non saisonniers se répartissent mieux dans les autres catégories socioprofessionnelles au profit des ouvriers qualifiés, des employés, des professions intermédiaires et des cadres. La part des seniors est moins importante pour privilégier les tranches de 25 à 49 ans chez les salariés agricoles en CDI et la tranche des 15 à 24 ans chez les travailleurs agricoles en CDD non saisonniers. En revanche, la parité homme-femme est encore plus éloignée que chez les saisonniers puisque les CDI et CDD agricoles sont à 70 % des hommes.

Saisonnier pour l’année

Les travailleurs saisonniers agricoles ont tendance à s’installer dans ce type d’emploi. En moyenne, un contrat de saisonnier agricole dure 73 jours et 44 jours pour les contrats dans le secteur des vendanges. Chaque saisonnier agricole signe en moyenne 1,6 contrat saisonnier par an. Si dans l’ensemble, les saisonniers sont 45 % à ne pas signer d’autres types de contrat, la probabilité d’un travailleur saisonnier d’être exclusivement saisonnier est 1,4 fois plus élevée pour un saisonnier agricole que pour un saisonnier du tourisme, calcule Émeline Limon, responsable de cette étude au service de la statistique du ministère du Travail (Dares).

La question du niveau de rémunération des saisonniers n’a pas encore été abordée dans cette première photographie de ce secteur de l’emploi.

L’étude comporte quelques imprécisions à la base. Elle n’enregistre qu’une partie des saisonniers agricoles payés avec le Tesa simplifié, qui n’est entré dans la DSN qu’à partir de janvier. À l’opposé, les saisonniers embauchés par la restauration en extras sous contrats d’usage ne sont pas comptés dans l’enquête.

Éric Young