C’est depuis le Maine-et-Loire et par 35°C à l’ombre que le président de la FNPL a fait, ce lundi 26 août 2019, une rentrée syndicale incisive : « À part la corrida, qu’à fait le ministre cet été ? lance-t-il. La seule chose qu’il nous propose est de produire du lait avec des jachères et de la paille. »
Pas de fourrage à proximité
Installé à La Tourlandry sur 75 ha, Yoann Bomard, l’éleveur qui a accueilli la conférence de presse, s’apprête à ensiler 30 ha de maïs. « Il va manquer au minimum un tiers de rendement, déplore-t-il. Pour faire face, je n’ai pas vendu de blé en juillet et je vais aussi ensiler les 5 ha de maïs réservés pour le grain. »
« Dans le secteur, on en est tous là ! » relance François Girard, responsable de la FDSEA. Beaucoup d’éleveurs travaillent déjà avec leur ration hivernale depuis le début du mois de juillet. En 2017, on avait pu acheter du fourrage à proximité mais là, ce n’est même pas possible. Tout le département est touché. »
De fait, lors de son passage les 5 et 6 août dans 17 élevages angevins, le syndicat a constaté des pertes de rendement en maïs qui pouvaient aller jusqu’à 65 %. « À l’époque, très peu d’éleveurs étaient prêts à acheter du fourrage, témoigne Jean-Paul Piet, membre de la FDSEA. La plupart envisageaient plutôt de vendre des animaux et l’EDE enregistre d’ailleurs déjà des mouvements sur les réformes. »
Appliquer la loi
Dans ce contexte, la FNPL fait du stockage de l’eau une priorité. « Si l’on veut des fourrages de qualité et le lait qui va avec, il faut avancer sur ce dossier. Ce sera l’un des axes de notre entretien avec le ministre la semaine prochaine », prévient Thierry Roquefeuil.
L’autre sera la défense du revenu des producteurs. À ce jour, « les collecteurs n’ont pas pris en compte le problème de la sécheresse. Compter sur les aides Pac est une fausse solution, martèle Thierry Roquefeuil. Dans beaucoup d’exploitations, elles sont déjà hypothéquées. Ce dont les éleveurs ont besoin, ce sont des euros aux 1 000 litres de lait ! La loi EGAlim a été votée, les pouvoirs publics ont la responsabilité de sa mise en œuvre. »
Le syndicat regrette « qu’il n’y ait pas ou très peu d’effet des États-généraux de l’alimentation (EGA) sur le lait vendu sous marque de distributeur (MDD) ». Pour preuve, la FNPL indique que sur 15 euros d’augmentation moyenne constatée ces huit derniers mois, « 50 % sont liés à la conjoncture et 50 % aux EGA ».