Avec la sécheresse, les 230 vaches laitières de Pierre-Édouard Millot ne sortent même plus. Et, alors que les températures atteignent les 35 °C, il les nourrit comme en hiver. « On vient de terminer le foin de 2017, et on attaque celui de 2018, explique-t-il. Normalement, on ne distribue pas la première coupe avant septembre ou octobre. »

Les champs comme les prairies sont sévèrement touchés par les conditions actuelles. « Dans les maïs, il y a des endroits où on n’a pas d’épis du tout, et environ 20 ha de pâturages sont grillés », décrit-il. Avec ses 290 hectares et sa référence de 1 million de litres, Pierre-Édouard a converti son exploitation à l’agriculture biologique en 2010. Il sera particulièrement difficile pour lui cette année de trouver les fourrages compatibles avec ces exigences.

Bricolage fourrager

Des pluies permettraient encore de faire une quatrième coupe sur les prairies temporaires, mais Pierre-Édouard s’organise déjà avec les moyens à disposition. « On a le droit d’utiliser la paille conventionnelle pour la litière », poursuit-il.

Grâce à une opération paille organisée par la FDSEA 70, Pierre-Édouard Millot pourra acheter de la paille non-labellisée dans la Marne. Celle des céréales de son exploitation servira à nourrir ses génisses. Avec ces conditions météorologiques, cependant, la paille est cher « Les prix se tendent, estime-t-il. On tournait il y a quelques mois autour de 80 € la tonne. Là, on est rendus à 100 €. »

Toutefois, la paille ne suffira pas. Comme le souligne l’exploitant : « il faudra acheter du complément à l’extérieur ». Les collègues céréaliers bio, également touchés, auront du mal à fournir la qualité comme la quantité. Il sera donc nécessaire de se tourner vers d’autres départements.

Pas d’engagement politique

Les élus présents ce matin sur l’exploitation de Pierre-Édouard pour un tour de plaine ont été attentifs aux problèmes des agriculteurs de la région. Personne, pourtant, ne s’est engagé sur des aides concrètes. « On peut se renvoyer la balle longtemps, dénonce Pierre-Édouard Millot, mais nous avons besoin d’une réaction rapide. »

La semaine dernière, la ministre allemande de l’agriculture avait annoncé que les exploitants bio pourraient bénéficier de dérogations afin d’utiliser de manière exceptionnelle des fourrages conventionnels. Pour l’instant, de telles mesures n’ont pas encore été évoquées en France.

Ivan Logvenoff