Après avoir tout d’abord affirmé le 4 octobre 2019 que les « pesticides » étaient une cause majeure du cancer du sein au micro de Jean-Jacques Bourdin (BFM TV et RMC) Ségolène Royal récidive trois jours plus tard. Ce matin, le 7 octobre 2019, sur France Inter, l’ex-ministre de l’Environnement a indiqué : « Regardez la prégnance des cancers dans le monde agricole, c’est parfois sur certains cancers, le double. » Avant d’ajouter : « Les cancers de l’appareil génital des femmes et des hommes dans le monde agricole [sont] bien supérieurs à la moyenne nationale. Donc il y a quand même un lien avec l’utilisation des produits chimiques en agriculture. »
Ségolène Royal « n’est pas dans son rôle »
Pour le président de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA), ce type de discours doit cesser : « Il faut arrêter de se faire peur en permanence, a répliqué dans l’après-midi Pascal Cormery, à l’occasion de la conférence annuelle de la MSA. Elle [Ségolène Royal] n’est pas dans son rôle. Et si un politique a à se prononcer, il doit étayer ses propos comme nous, par des arguments scientifiques. Il faut raison garder. Les marchands de peur, ça m’énerve royalement », a-t-il insisté.
Des nouveaux résultats pour Agrican
Jean-Marc Soulat, médecin national à la MSA, a précisé : « Il existe une cohorte appelée Agrican qui suit 180 000 agriculteurs et à laquelle la MSA participe depuis 2005. Or, les résultats récents ne montrent pas un doublement des cancers génitaux. Mais une prévalence un peu plus importante de cancer de la prostate, de l’ordre de 10 à 13 %. Mais cela ne veut pas dire qu’il y a un lien de causalité unique avec les phytosanitaires. Et surtout, il n’existe pas de doublement. »
Un fonds pour les victimes de produits pesticides
Lors de cette conférence, la MSA est aussi revenue sur la création d’un fonds pour les victimes des produits phytosanitaires, introduit dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020. La date d’effet des prestations est fixée au 1er janvier 2020. Et si la MSA n’entend pas modifier cette date, elle demande cependant à repousser la mise en œuvre opérationnelle de ce fonds (dépôt et traitement des dossiers) au 1er juillet 2020. « Nous nous inquiétons du manque de précision sur le détail du financement et des moyens associés à cette gestion », a motivé Pascal Cormery.
Taxe sur les phytos ou augmentation des cotisations ?
« Pour l’instant, nous ne connaissons ni les taux, ni les montants finaux qui seront attribués », a poursuivi François-Emmanuel Blanc, le directeur général de la MSA. Il est prévu dans le projet de loi que si « taux et montants » ne suffisaient pas à couvrir les besoins, la branche accident du travail des salariés de la MSA serait mise à contribution pour arriver à l’équilibre, a souligné la MSA. Soit, une augmentation des cotisations ou « une augmentation des taxes affectées », selon son président.
« C’est-à-dire qu’il peut y avoir des taxes sur les produits phytosanitaires. Mais on attend du gouvernement des précisions sur le sujet. Les pouvoirs publics veulent créer un fonds, ils nous en donnent la gestion. Maintenant il faudrait savoir comment le remplir, et déterminer son utilisation. »