« Cette année, l’alimentation a repris tout son sens », a souligné Pierre Bot, agriculteur à Saclay, le 18 décembre 2020. Ce jour-là, il a accueilli sur son exploitation céréalière et maraîchère, Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

L’agriculteur est donateur depuis 2013, année de la création de Solaal qui facilite le lien entre la filière agricole et les associations d’aide alimentaire.

Hausse de la précarité

Les six présentes (Andes-épiceries sociales-groupe SOS, Banques alimentaires d’Île-de-France, Croix-Rouge française, Restos du cœur, Revivre dans le monde et Secours populaire français) confirment cette hausse de la précarité. « Pendant les deux confinements, les besoins ont explosé notamment auprès des étudiants faisant suite à l’arrêt de leurs cantines », a indiqué Chloé Simeha, directrice générale de la Croix-Rouge Insertion.

Une hausse de 30 % des besoins au niveau national a été notée au Secours populaire. Toutes les associations ont remercié la générosité des agriculteurs et s’accordent à dire qu’elles ont « besoin de leur contribution et de Solaal pour proposer une alimentation diversifiée et de qualité aux plus démunis ».

Bientôt des chèques alimentaires

Le message a bien été entendu par le ministre qui a rappelé les deux défis de l’aide alimentaire : « à court terme : aider les démunis ; et à plus long terme : lutter contre l’inégalité alimentaire en facilitant l’accès à des produits frais et de qualité. Ce dernier point est justement l’objectif des chèques alimentaires que nous allons mettre en place. »

Le président Macron a en effet annoncé le 14 décembre 2020 cette mesure, dont les publics et les produits concernés restent à définir, faisant suite à une proposition de la convention citoyenne pour le climat. Julien Denormandie a également annoncé vouloir financer des « légumeries et conserveries locales », afin de favoriser l’utilisation de denrées fraîches par les cantines de collectivités locales ou scolaires.

+60 % de dons en 2020

« Solaal a été créée par Jean-Michel Lemétayer qui ne « supportait pas de voir ses compatriotes ne pas manger à leur faim » », a rappelé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, aussi présente sur l’exploitation de Pierre Bot ce 18 décembre.

Concrètement, depuis 2013, ce sont l’équivalent de « 40 millions de repas dont beaucoup de produits frais qui ont été distribués », précise la présidente de Solaal, Angélique Delahaye.

Depuis le début de 2020, près de 3 700 tonnes de produits frais, surtout des fruits et légumes, ont été données, soit l’équivalent de près de 7 millions de repas. C’est près de 60 % de plus par rapport aux dons de 2019.

De nouveaux donateurs ont aussi contacté l’association pendant les confinements afin de porter leur nombre à près de 200 aujourd’hui. « Cette croissance a également été permise grâce à nos antennes locales qui gèrent les donations au plus près des besoins, précise la présidente de Solaal. Nous en avons six ; à Paris, dans les Hauts-de-France, en Occitanie, en Bretagne, dans les Pays de la Loire, en Normandie. Une nouvelle, dans le Grand Est, verra aussi bientôt le jour ».

Florence Mélix