Maître Jade Dousselin, avocate au barreau de Paris, a annoncé au Canard enchaîné et à l’AFP, le 19 mars dans la soirée, que ses clients, des coopérateurs du groupe sucrier Tereos, ont déposé plainte auprès du parquet anti-terroriste du tribunal de grande instance de Paris, accusant la coopérative d’avoir maintenu des livraisons de sorbitol en Syrie en 2017. Et ce, alors que l’ONG Conflict Armament Research avait alerté sur la présence de sucre en provenance de l’une des usines picardes du groupe, dans un entrepôt de l’État islamique, ou Daesh, en novembre 2016.

 

Le sorbitol mélangé à du nitrate de potassium peut être utilisé pour la fabrication de bombes artisanales. Contactée par téléphone, maître Jade Dousselin indique avoir agi en ce sens pour le compte de coopérateurs du groupe sucrier dont elle refuse de révéler le nom. Selon une source judiciaire, la plainte n’avait pas encore été déposée au parquet de Paris, le 20 mars en début d’après-midi.

Des accusations mensongères

Tereos reconnaît qu’une cargaison de sorbitol avait bien été livrée en Turquie en 2015, et s’était retrouvée un an plus tard en Syrie, dans des bâtiments de Daesh, « mais qu’il en est resté là et a ensuite pris toutes les mesures pour qu’aucune livraison ne puisse se retrouver à aucun moment dans les mains de terroristes ».

 

Dans son communiqué, la coopérative réagit d’ailleurs violemment à ces accusations. « Face à des accusations aussi indignes, Tereos entend affirmer très fermement, le jour même de la publication de cet article, le caractère mensonger de ces accusations qui relèvent d’une seule intention de nuire à la réputation et aux intérêts économiques d’un groupe français dans un contexte de forte crise sur le marché européen du sucre, s’insurge Tereos dans un communiqué diffusé le 20 mars. Depuis près d’un an et demi, il a déjà eu l’occasion d’apporter publiquement les explications nécessaires, rappelant que toutes ses livraisons de Sorbitol étaient légales et parfaitement contrôlées ».

Plainte pour dénonciation calomnieuse

Le groupe sucrier annonce qu’il « a saisi ce jour (le 20 mars) le procureur de la République de Paris d’une plainte en dénonciation calomnieuse, délit réprimé de cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ».

 

Il poursuit : « Cette dénonciation calomnieuse s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne de déstabilisation du groupe. Obstructions systématiques, vols de fichiers, envoi de lettres anonymes, traitements illicites de données personnelles, tous les procédés sont utilisés pour désorganiser l’actuelle gouvernance du groupe. Une enquête préliminaire avait déjà été ouverte par le procureur de la République de Saint-Quentin et des investigations se poursuivent pour identifier les auteurs, complices et receleurs de cette déstabilisation. »

 

Pour le groupe sucrier, un cap est franchi, les plaignants n’hésitant pas à instrumentaliser la menace terroriste que connaît notre pays pour servir une lutte de pouvoir.