« Nous sommes convaincus que le CIPC vit ses dernières heures », affirme Arnaud Delacour, président de l’UNPT ce 22 janvier 2019 lors d’une conférence de presse à Paris. La structure demande une prise en compte des surcoûts par l’ensemble des acteurs. En effet, le CIPC est trois à quatre fois moins cher que les antigerminatifs de substitution.
Autre point soulevé : celui des doses résiduelles dans les installations. Le produit a en effet une forte rémanence, de l’ordre d’une vingtaine d’années. « Il est question d’établir une limite maximale de résidus (LMR) temporaire et dégressive », explique Arnaud Delacour. L’UNPT prend part aux négociations en cours à ce sujet : « Il faut pouvoir à la fois permettre aux agriculteurs européens de produire, et limiter les importations extracommunautaires. »
Remise en cause du grand export
L’interdiction du produit suppose également une réorganisation des systèmes de commercialisation des marchés frais (grand export et grande distribution). Il remet en cause les destinations lointaines, comme l’Afrique ou le Viet Nam par exemple. « Les variétés à dormance plus longue n’existent pas, précise Arnaud Delacour. La conservation par le froid pose des problèmes de sucrage et d’acrylamide. »
« Cela ne va pas être simple d’interdire les importations de produits traités au CIPC », affirme Arnaud Delacour. L’UNPT demande une interdiction harmonisée dans toute l’Union européenne, sans dérogation possible. En question : l’autorisation de la molécule comme herbicide sur d’autres cultures telles que l’oignon ou la salade. Ce type d’utilisation pourrait mener à des dérogations dans certains pays sur pommes de terre, par activation d’un article de loi. La Belgique notamment pourrait y avoir recours.
L’Inde, qui est propriétaire de la molécule, a prévenu la Commission européenne qu’en cas d’interdiction du CIPC, elle attaquerait l’Union européenne auprès de l’OMC pour « barrière douanière non justifiée ».
Un congrès placé sous le drapeau européen
Malgré la contrainte européenne, l’UNPT est persuadée que « l’Union européenne est une chance pour la pomme de terre de France », et en a fait le thème de son congrès annuel, qui aura lieu le 5 février 2019 à Strasbourg. Arnaud Delacour appuie sur l’importance des élections qui approchent, et d’une Pac harmonisée plutôt que renationalisée.
Selon lui, l’Union européenne a une vraie vision stratégique et permet de peser dans les échanges avec d’autres grandes nations. Le choix d’un modèle de production européen familiale ainsi que la position géographique centrale de la France dans l’Union européenne sont deux autres forces identifiées. Il évoque également des menaces à prendre en compte, notamment la tendance au libre-échange ou la pression souverainiste actuelle.