« Les personnes vivant près de vignes sont plus exposées aux produits phytopharmaceutiques que celles vivant loin de toute culture », c’est le principal enseignement révélé lundi 15 septembre 2025 par l’Anses et Santé publique France lors de la présentation des résultats de l'étude PestiRiv.
Il ressort ainsi, sans surprise, que les riverains de zones viticoles sont plus exposés aux pesticides utilisés que les personnes habitant dans des zones plus éloignées de toutes cultures. Cette exposition augmente en période de traitement et dépend des quantités de produits phytosanitaires épandues.
Dans ce contexte, Santé publique France et l’Anses recommandent de réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques. Les deux agences soulignent aussi la nécessité d’informer des riverains avant les traitements.
Demande de ZNT de 100 mètres
Des demandes qu’appuient Générations Futures, pour qui ces résultats confirment le constat posé par l'organisation depuis des années. L’association estime qu’il ne faut pas que ce constat reste sans effets mais au contraire que le nouveau gouvernement lance un plan de protection des riverains comprenant :
- Une « vraie relance d’Ecophyto », et un suivi du plan par l’indicateur Nodu, nombre de doses unités ;
- Une « expansion immédiate des zones de non-traitement » (ZNT), d’« au moins 100 mètres » pour les pesticides suspectés CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique) ;
- Une « priorisation à la production biologique en périphérie des zones habitées » ;
- Un « retrait rapide des substances suspectées CMR et neurotoxiques ».
Des niveaux 100 fois inférieurs
« Présence ne signifie pas risque », estime en revanche Phyteis — organisation professionnelle qui fédère 18 entreprises mettant en marché des solutions de protection des cultures à usage agricole – dans un communiqué de presse diffusé le 15 septembre 2025. « Les niveaux retrouvés dans l’air dans l’étude, même en période de traitement, restent de l’ordre de 100 fois inférieurs aux valeurs protectrices retenues pour l’évaluation du risque pour les riverains », ajoute Phytéis.
L’organisation rappelle que « la modélisation du niveau d’exposition quotidien des riverains aux produits phytopharmaceutiques pris en compte dans les études toxicologiques, dans le cadre d’usages agricoles, est établie sur la base de critères de toxicité et d’exposition quotidienne bien supérieurs à l’exposition réaliste de riverains », comme le montre le schéma ci-dessous.

« Cette étude montre sans ambiguïté que les données d’exposition constatées sont conformes et restent largement dans les marges de sécurité prévues dans les AMM, elles-mêmes extrêmement protectrices en matière de santé », conclue Yves Picquet, le président de Phyteis.
« Pas de risque sanitaire »
Le collectif de producteurs « Sauvons les fruits et légumes de France » juge que « PestiRiv n’apporte aucun éclairage nouveau ». Il ajoute, dans un communiqué diffusé dans la foulée de la présentation des résultats de l'étude, que « les normes sont parfaitement respectées par les viticulteurs. PestiRiv n’identifie pas de risque sanitaire. »
D’ailleurs, Santé publique France et l’Anses ont indiqué qu’« à ce stade, aucune AMM (Autorisation de mise sur le marché) ne va être revue du fait de ces résultats ». Les agences ont aussi indiqué que si l’étude fournit un ensemble de données robustes sur la présence de produits phytos dans plusieurs types d’échantillons environnementaux (air, poussières, aliments) et chez l’être humain, des travaux complémentaires sont nécessaires. Elles doivent notamment approfondir les liens entre expositions et effets sanitaires.
Les ministères en charge de l’Agriculture et de la Transition écologique n’ont à ce jour pas réagi aux résultats de PestiRiv.