« Le ministre de l’Agriculture a décliné l’invitation… car il défend son budget à l’Assemblée. Il nous a transmis une vidéo que je vous laisserai apprécier », a introduit Daniel Peyraube, le président de l’AGPM, lors de l’assemblée générale du syndicat le 21 novembre 2018 à Mulhouse (Haut-Rhin). Les réactions n’ont pas tardé dans les rangs…
« Mais n’importe quoi ! » Et pour cause, le syndicat avait envoyé une liste de questions (Sonido, stockage de l’eau…) au ministre, auxquelles il n’a pas répondu. Ce que Daniel Peyraube a commenté : « Nous voulons être reçus par le ministre car nous avons besoin de sa collaboration et de celle du gouvernement. »
En dehors de ces moments chahutés et des nombreux thèmes abordés dont les bons résultats financiers de l’AGPM, deux sujets sont sortis du lot : « monoculture et territoires » et « diversité et durabilité des territoires maïs ».
Défendre la monoculture
Comment défendre aujourd’hui la monoculture alors que tous prônent les rotations, l’usage de leviers agronomiques pour endiguer les problèmes parasitaires, d’enherbement… Daniel Peyraube est revenu sur les atouts de cette culture : de l’augmentation de la matière organique dans les sols à la structuration de filières non délocalisables, en passant par la dépendance alimentaire des vaches laitières ou du nombre important d’emplois générés. Quand d’autres coupent court en affirmant que l’introduction d’une culture intermédiaire vaut pour une rotation.
La table-ronde a été un moment d’échange intéressant entre deux acteurs de la filière du maïs, Franck Laborde pour l’AGPM et Jean-Paul Lataste pour l’AGPM maïs doux, et deux acteurs de la filière animale avec Thierry Roquefeuil, président du Cniel, et François Cholat, président du Snia et producteur de volaille de Bresse. Ce qui en résulte c’est une interdépendance de ces filières. Puisque « l’ensilage représente 40 % de l’alimentation des vaches laitières », assure Roquefeuil.
Le maïs, ça gaze !
De nombreux atouts ont été énumérés et notamment le fort pouvoir méthanogène du maïs, qui est une ressource importante dans la production de biogaz. « Cependant, les autorités incitent à produire du biogaz avec du lisier, alors que le pouvoir méthanogène du maïs est 6 à 7 fois plus important », s’indigne Franck Laborde. Cette culture pleine de ressources promet aussi de s’adapter aux changements climatiques.
Elle permet de répondre aussi durablement aux enjeux de société car « elle peut contribuer à la transition écologique, souligne Franck Laborde. C’est une plante en C4 qui produit 13 à 20 t/ha de biomasse qui peut capter le dioxyde de carbone. Il faut savoir que 1 ha de maïs capte davantage de dioxyde de carbone que 1 ha de forêt ! Aussi la programmation annuelle de l’énergie est un enjeu crucial pour la filière. »
Économie punitive
Le mot de la fin est revenu à Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, qui est « venue à Mulhouse sur ordre », plaisante-t-elle. Elle a balayé nombre de « sujets polémiques et complexes qui enflamment tous les moyens d’expression », qu’il s’agisse des médias ou des réseaux sociaux. « Ce qui renforce la pression alors que nous avons pris tous ces sujets à bras-le-corps », ajoute-t-elle.
En parallèle de la publication des Glyph’Awards par Générations futures, une parution gouvernementale a été interceptée par le syndicat. « Que ceux qui doutent du syndicalisme sachent que nous avons évité la publication par le gouvernement d’une carte recensant à la parcelle l’utilisation du glyphosate. Allons-nous tondre en place publique les agriculteurs qui utilisent du glyphosate ? », s’indigne Christiane Lambert. Et de poursuivre : « Les interdictions pleuvent en France essentiellement sur les phytos alors que les frontières restent ouvertes aux produits agricoles qui ne sont pas cultivés dans les mêmes conditions qu’en France. Il faut lutter contre cette économie punitive ! »
Concernant le maïs plus particulièrement, Christiane Lambert a conclu que « nous sommes nuls en stockage de l’eau alors que c’est un facteur de compétitivité ». Il ne reste plus qu’à voir ce que donneront les mesures issues des Assises de l’eau.