« La marge nette en maïs était nulle en 2015 (1), a averti Matthieu Çaldumbide, directeur adjoint de l’AGPM, à l’occasion de son bilan de campagne ce 3 janvier 2017. Elle sera nulle aussi en 2016. » L’année a été aussi mauvaise que les quatre précédentes, selon le syndicat : un rendement moyen de 89 q/ha en grain, un prix de 140 €/t, et des charges constantes – hormis des frais de séchage inférieurs. « Avec des aides Pac en baisse, divisées par deux sur certaines exploitations spécialisées, notre modèle de production est en danger », a renchéri Daniel Peyraube, le président de l’AGPM.

Des contrats socles insatisfaisants

Face à ce constat « préoccupant », l’AGPM entend défendre la filière à Bruxelles, avec des propositions pour retrouver de la compétitivité face au maïs importé. Si une des clés peut être l’allègement des exigences de verdissement, le syndicat milite aussi en faveur de budgets pour une meilleure gestion des risques climatiques.

Celle-ci pourrait commencer par une politique de stockage de l’eau, puisque l’irrigation reste la meilleure assurance des rendements. « L’offre actuelle avec le contrat socle est un échec », a lancé Matthieu Çaldumbide, alléguant la stagnation des surfaces assurées en 2016, des rumeurs de désengagements et un retour au contrat grêle en 2017. Seules les surfaces en maïs doux et semence sont couvertes à plus de 80 %.

Une assurance relookée

L’AGPM milite pour une assurance récolte « véritablement incitative tout en restant facultative ». Elle a formulé neuf propositions pour la rendre attractive, notamment : réintégrer les quintaux indemnisés dans le calcul du rendement assuré, revenir à une assurance à la culture (et non à l’ensemble des grandes cultures), différencier les franchises des cultures irriguées et non irriguées, abaisser le seuil de déclenchement et la franchise à 20 % avec une subvention de 65 %. Ces propositions seraient, selon elle, partagées par les autres filières et la FNSEA.

Pour 2017, l’AGPM estime que les surfaces de maïs fourrage seront « relativement stables » en France, mais réserve son avis pour celles de maïs grain. « Il est encore trop tôt pour donner une tendance, il semble que l’on soit plutôt sur une baisse, note Gilles Espagnol, d’Arvalis. Mais 125 000 hectares ont été libérés par rapport à 2015 sur les céréales d’hiver et de colza, ce qui pourrait profiter aux cultures de printemps dont fait partie le maïs. »

S. Bergot et C. Le Jeune

(1) Ventes + aides Pac – charges d’appros et fixes.