Une professeure, qu’il croise au cours d’une soirée, lui confie qu’elle aimerait inviter un agriculteur avec sa classe de 6e pour échanger sur la vie professionnelle. Malheureusement, regrette-t-elle, elle n’en connaît pas. Thibaut, éleveur en voie d’installation et remplaçant dans les exploitations, se porte immédiatement volontaire.
Ce matin une classe de #6éme #collégepasteur m’a appelé pour parler d’agriculture des élèves curieux et intéressés #futur #communications #positive @JA_Manche @JA_Normandie @EmiLiLemonnier @bibitoinou @Interbev_Norm @MarieViargues @MancheCD50 @Fragritwittos pic.twitter.com/VjR65cv68t
— Thibaut.G (@ThibautGiraud1) January 7, 2019
Quelques semaines plus tard, le sept janvier, il se rend donc dans une classe du collège Pasteur, au cœur de Saint-Lô. « Je me suis présenté, j’ai parlé de mes productions de viande en bovin et en ovin, et je n’ai même pas eu le temps de finir qu’ils avaient déjà plein de questions. »
La curiosité, ce beau défaut
Alimentation des bêtes, matériel, vacances, salaire : durant deux heures, les collégiens ont abordé tous les sujets. « Ce qui m’a le plus surpris, souligne Thibaut, c’est une question d’une petite fille qui m’a demandé comment ça se passe une fois que les vaches arrivent à l’abattoir. »
À cette interrogation, qui déchaîne les passions en dehors de l’école, l’éleveur répond avec méthode. « Je lui ai expliqué qu’il y a des gens qui disent qu’il ne faut pas tuer des animaux, mais que je pense, moi, qu’il faut manger un peu de tout, sans excès. »
Les arguments de Thibaut sur les sujets sensibles du bien-être animal ou des produits phytosanitaires semblent avoir convaincu la classe. « J’ai été surpris, confie Thibaud, mais dans le bon sens. C’est un collège de centre-ville, je croyais que les jeunes auraient plus d’a priori. »
Métiers du futur
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du concours « Inventer un métier du futur », lancé par l’académie de Caen. But de l’exercice : écouter un adulte présenter sa vie professionnelle et imaginer, grâce à ce témoignage, un nouveau métier qui pourrait répondre à l’un de ses besoins.
Quel serait alors un métier qui pourrait un jour prochain aider Thibaut ? Pour les élèves du collège Pasteur, il s’agirait d’un fournisseur d’un genre nouveau, qui utiliserait les pollutions de l’air pour produire des engrais. « Je retournerai bientôt les voir, prévoit Thibaut, quand ils auront terminé leur projet. »
Si les élèves ont encore du travail, l’éleveur, quant à lui, a atteint son but : défendre un métier qu’il aime. « Je fais ça pour casser les préjugés. Même les gens qui habitent à la campagne ne comprennent pas ce qu’on fait, et ces rencontres, avec les enfants comme avec les adultes, permettent d’expliquer les choses, de briser certains clichés propagés par les médias. »