Pour un agriculteur, tout est plus compliqué sur une île : l'accès au foncier, les règles d'urbanisme, les surcoûts... Et pourtant, l’agriculture y est essentielle pour l’économie, l’emploi, l’entretien des paysages et le tourisme. « L’agriculture ne peut se développer que si certaines contraintes liées à l'insularité sont levées », estiment François le Tron et Georges Birault, président et ancien président du Réseau agricole des îles atlantiques* (RAIA), lors d'une journée d’échanges le 20 janvier 2023 à Rennes.
Des possibilités de construction limitées
Principal point noir : la précarité foncière liée à la spéculation et aux réglementations environnementales. La loi littoral n’empêche pas l’agriculture, mais elle limite les constructions. Or sans infrastructure, les producteurs ne peuvent rien faire. Ceux des îles ne possèdent pas de rétro-littoral (espace en arrière du littoral) qui leur permettent de construire des bâtiments, contrairement à ceux basés dans des communes littorales du continent.
Autre problème, depuis près de deux ans, une interprétation restrictive des textes limite la possibilité de constructions liées à la production (stockage de matériel, de semences…) et empêche les projets nécessaires à la transformation ou à la commercialisation. « C'est en totale contradiction avec le développement des circuits courts et des projets alimentaires territoriaux, souligne Georges Birault. Par la discussion, nous devons trouver comment respecter l’esprit de la loi tout en répondant aux besoins agricoles et alimentaires des îles. »
Des initiatives existent sur le terrain. Sur l’île d’Arz dans le golfe du Morbihan, la collectivité a investi dans des bâtiments agricoles pour faciliter l’installation d’éleveurs. A Belle-Ile-en-Mer, les quatre communes ont créé une mission foncière chargée de sécuriser les terres agricoles. Depuis 10 ans, le RAIA oeuvre en ce sens, mais il est aujourd’hui remis en cause, faute de moyens financiers.
* Regroupant agriculteurs, collectivés, citoyens et associations.