La mise en scène est macabre. Les lapins ont été découverts le matin par leurs propriétaires, sans trace de sang, ni coupure, éparpillés près des clapiers et sur le chemin. « C’est le même mode opératoire que la dernière fois », dénonce le maire, Jean-Yves Fenvarc’h, qui ne décolère pas.

Une nouvelle fois, ce sont les lapins d’un couple de retraités qui ont été visés par le tueur. « Ils sont écœurés et abattus », confie le maire. Anciens propriétaires d’une entreprise de terrassement, ce couple possède une belle propriété, dans un ancien moulin restauré, et n’élève des lapins que pour sa propre consommation.

Drôle d’ambiance au village

« Les personnes âgées n’osent plus sortir, s’attriste le maire, les gens se calfeutrent chez eux à la tombée de la nuit, c’est désolant. » Jean-Yves Fenvarc’h reçoit sans cesse des concitoyens apeurés dans son bureau, qui lui demandent d’intervenir. Mais du côté de la gendarmerie, l’enquête semble avancer lentement.

« Il y a une psychose depuis un an », s’inquiète M. Fenvarc’h. Et le reportage de M6 réalisé au début du mois de novembre sur les meurtres de lapins ne contribue pas à rassurer les habitants. « Une criminologue a expliqué que cet homme possède bien un profil de serial-killer, et qu’il est susceptible de changer de mode opératoire, pour en venir à tuer des gens. »

Le tueur serait d’ailleurs sans doute connu des habitants. « Je suis persuadé que ce tueur, ou peut-être ce groupe de tueurs, connaît parfaitement le terrain. Parce qu’il faut savoir où sont les clapiers ça ne peut pas être quelqu’un d’une autre commune. » Les derniers événements remontaient à octobre dernier, et le répit aura été de courte durée.

Les habitants contre-attaquent

Comment expliquer le délai qui s’est écoulé depuis les derniers méfaits du tueur de lapin ? C’est peut-être la résistance du village qui l’a empêchée pendant quelque temps de sévir. « Il y a des pièges tendus, confie le maire, mais le tueur de lapins ne tombe pas dedans. Cette fois encore, il est allé là où il n’y avait aucune protection. »

On ne parle plus que de cette affaire à Minihy, et des indiscrétions sont peut-être parvenues jusqu’aux oreilles du tueur. « Il doit être assez malin, et habile. Il est très silencieux, on n’a jamais vu que sa silhouette sauter par-dessus les barrières, il n’y a jamais de voitures, ni de vélo ou de scooter. »

Seuls les journaux et les chaînes télévisées semblent pour le moment s’intéresser à cette affaire. « Avec les médias, ça y va, regrette Jean-Yves Fenvarc’h, mais nous n’avons pour l’instant reçu aucune réaction de la préfecture, ou des services de la protection des populations. »

Ivan Logvenoff