Dimanche dernier, les Suisses ont été encore une fois appelés aux urnes. Au programme ce jour-là : santé, droit international, mais également agriculture. Les Helvètes devaient se prononcer pour ou contre la distribution d’une subvention supplémentaire aux éleveurs qui n’écornent pas leurs bovins.
C’est Armin Capaul, un éleveur de la Suisse alémanique, qui a porté cette « initiative fédérale » devant ses concitoyens après avoir récolté les 100 000 signatures nécessaires. Malgré la popularité grandissante de ce personnage atypique, les Suisses se sont cependant prononcés à 45 % contre sa proposition.
Pas un sujet agricole
Genève a dit oui à 60 % à la subvention en faveur les vaches à cornes, comme la plupart des villes du pays. Pour Sandra Helfenstein, porte-parole de l’Union suisse des paysans, ce résultat illustre une fois de plus les difficultés de communication entre la ville et la campagne.
« Les urbains, estime-t-elle, pensent que l’écornage est lié à une douleur, voire que l’on écorne des vaches adultes. » En Suisse, rappelle-t-elle, les bêtes doivent être anesthésiées avant l’écornage. Par ailleurs, les exploitants souhaitant se charger eux-mêmes de cette opération doivent suivre une formation, et les autres doivent appeler le vétérinaire.
L’organisation n’avait pas donné de consigne de vote à ses adhérents. « Ce n‘est pas une question agricole, souligne Sandra Helfenstein, mais une question de société. C’est donc au marché de rémunérer ces exigences. » Pour l’Union suisse des paysans, si la population souhaite conserver les cornes, mieux vaudrait proposer un prix plus haut pour le lait, que d’inscrire les cornes dans la Constitution.
Des initiatives qui effraient les exploitants
L’initiative sur les cornes est anecdotique pour le monde agricole suisse, mais trois initiatives, qui devraient aboutir à des votes d’ici à 2020, inquiètent un peu plus les producteurs. Les deux premières souhaitent interdire l’ensemble des produits phytosanitaires, ou au moins les produits de synthèse, et la troisième propose d’imposer une limite à la taille aux élevages.
« Les gens des villes ont une vision idéalisée de l’agriculture », dénonce Sandra Helfenstein. Selon elle, les agriculteurs suisses seraient prêts à se débarrasser rapidement des désherbants, grâce à des techniques mécaniques. Difficile en revanche de supprimer totalement les insecticides et fongicides, qui permettent « de sécuriser les récoltes ».