Bruxelles pointe l’existence d’un potentiel de croissance pour les protéines végétales dans l’UE dans les secteurs des aliments pour animaux de qualité supérieure et des denrées alimentaires, en raison de la demande des consommateurs. Car selon Phil Hogan, commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural, « en raison de facteurs divers liés au marché et au climat, la production européenne de protéagineux ne suffit pas à satisfaire une demande croissante. »
Une demande de 27 millions de tonnes dans l’UE
La demande de protéines végétales en Europe est en effet élevée, environ 27 millions de tonnes de protéines brutes en 2016-2017, selon les chiffres de Bruxelles. Mais « le taux d’autosuffisance de l’UE varie considérablement selon l’origine de ces protéines, souligne le rapport. À titre d’exemple, il est de 79 % pour les graines de colza et de 5 % pour le soja ».
L’UE importe ainsi chaque année environ 17 millions de tonnes de protéines brutes, dont 13 millions à base de soja. Mais la tendance commence à évoluer : la surface consacrée au soja dans l’UE a doublé, atteignant près d’un million d’hectares depuis la réforme de la Pac en 2013. La production de légumineuses (pois fourragers, féveroles, lentilles, pois chiches) a, quant à elle, quasi triplé dans l’UE depuis 2013.
Selon les rapporteurs, le développement des protéines végétales dépend notamment de la « croissance de la compétitivité relative des protéagineux cultivés dans l’UE par rapport aux autres cultures et protéines végétales non-UE, par exemple grâce à la disponibilité de meilleures variétés et de meilleures connaissances des pratiques agronomiques spécifiques ».
Des mesures de développement
Le rapport présente un certain nombre d’instruments existants ou faisant partie des propositions pour la future Pac susceptibles de contribuer au développement économique et écologique des protéagineux au sein de l’UE.
Parmi les mesures préconisées par Bruxelles figurent comme priorités :
- le soutien aux producteurs de protéines végétales dans le cadre de la future Pac, par leur inclusion dans les plans stratégiques nationaux relevant de cette politique. Il s’agira notamment de reconnaître les bénéfices des légumineuses sur le plan de l’environnement et des objectifs climatiques par des programmes écologiques, de mobiliser les aides au développement rural, et de mettre en place l’aide couplée au revenu ;
- l’accroissement de la compétitivité grâce à la recherche et à l’innovation ;
- l’amélioration de l’analyse et de la transparence des marchés grâce à de meilleurs outils de suivi ;
- les actions de sensibilisation aux bienfaits des protéines végétales sur le plan de la nutrition, de la santé, du climat et de l’environnement ;
- l’intensification des échanges de savoirs et de bonnes pratiques en matière de gestion de la chaîne d’approvisionnement et de pratiques agronomiques durables, par exemple au moyen d’une plateforme en ligne spécialisée.
« Le rapport adopté aujourd’hui sera un point de départ important pour un débat au niveau européen afin de définir le chemin à suivre de manière durable », souligne Phil Hogan. Et de souligner « la volonté affirmée du Parlement européen de renforcer le soutien à la production de protéines végétales en Europe ».
Dans un communiqué paru le 23 novembre, le Copa-Cogeca s’est félicité des cinq priorités émises par la Commission européenne sur les protéines végétales, rappelant qu’il avait appelé depuis quelque temps à une stratégie de long terme sur ce sujet. Pour l’organisation européenne, augmenter la capacité de production de protéines végétales aboutirait à des « gains économiques et environnementaux pour l’Europe ».
Sous-produits des biocarburants
« L’approche globale de la DG Agri pour augmenter dans le futur les protéines végétales dans l’UE va dans la bonne direction, notamment avec la mise en place d’un soutien spécifique aux producteurs », estime Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca. Elle ajoute toutefois une autre priorité, en l’occurence « l’importance des sous-produits des biocarburants, qui contribuent énormément à la sécurité de l’approvisionnement en aliments pour animaux en Europe. »