L’État et l’interprofession du bois ont signé vendredi un contrat de filière pour tenter une nouvelle fois de relancer le secteur, en difficulté (1). Parmi les pistes mises en avant dans la nouvelle mouture figure le développement des usages du bois dans des univers où les industriels étaient jusqu’à maintenant peu présents, notamment l’aménagement intérieur, l’urbanisme vert, le luxe, le sport et la santé.
Ces projets ont été bien accueillis par le secteur, mais des acteurs de la filière déplorent d’avoir été retoqués sur un aspect majeur : l’avenir de la ressource. La FNB (Fédération nationale du bois), qui représente scieurs et transformateurs du bois, réclamait, tout comme les propriétaires forestiers privés, quelque 150 millions d’euros par an pour améliorer la gestion forestière. Avec ce budget, elle souhaite :
- Reboiser la forêt française et l’adapter à l’évolution de la demande,
- Planter des essences adaptées au réchauffement climatique,
- Lutter contre les maladies et ravageurs mettant à rude épreuve les futaies hexagonales, comme la chalarose du frêne.
Tour de passe-passe
Un plan interministériel annoncé le même jour fait bien état de 140 millions d’euros de crédits État/Feader (fonds européen) pour améliorer l’accès à la ressource et le reboisement. Mais ces fonds sont pour quatre ans.
« Cet argent, c’est le même qu’ils nous resservent dans le fond stratégique de la forêt et du bois. C’est un tour de passe-passe », a par ailleurs dénoncé Nicolas Douzain-Didier, délégué général de la Fédération nationale du bois. Au nom de la contribution de sa filière à une économie « décarbonée », il souhaiterait que soit consacrée au reboisement une faible part de la taxe carbone.
« Il y a un budget et on fait avec le budget. Si tout le monde veut +10 %, on va avoir un problème », confie, un brin fataliste, le nouveau ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, qui comprend toutefois la demande.
(1) Le déficit commercial de la filière bois, qui représente chaque année environ 10 % du déficit total de la balance commerciale française, s’est nettement creusé en 2017.