La France Agricole : Quel message porterez-vous au Congrès des maires demain ?

V. Berberian : Tout d’abord, j’exprimerai ma satisfaction de constater que l’Association des maires de France (AMF) s’intéresse aujourd’hui davantage à notre combat pour l’échelon communal. J’en veux pour preuve leur campagne de communication sur la notion de commune. Pour nous, maires ruraux, il faut apporter autant d’attention et d’énergie aux anciennes communes qu’aux nouvelles. Et sur ce sujet, nous avons beaucoup de revendications que nous rabâchons, d’années en années !

FA : Quelles sont vos revendications  ?

VB : Nous sommes très mécontents de la loi Notre (1) et de la politique gouvernementale – de ce gouvernement comme des deux précédents – qui dépouille et affaiblit l’échelon communal. Par exemple, malgré notre vive opposition, la compétence « eau et assainissement » sera obligatoirement (et non pas facultativement) transférée aux intercommunalités en janvier 2019. Cette décision ne tient absolument pas compte des particularités locales, c’est inacceptable ! Nous n’avons pas manqué de le rappeler au Premier ministre quand nous l’avons rencontré le 24 octobre dernier. Nous voulons en tant que maires avoir davantage de liberté d’action, moins de contraintes et plus de moyens.

FA : Vous sentez-vous pénalisés par l’administration centrale  ?

VB : Dès que les décisions passent outre la démocratie locale, ce n’est pas normal. Je constate que des hauts fonctionnaires de l’administration centrale tirent les ficelles. Ils sont capables, par exemple, de rédiger des circulaires plus contraignantes que la loi elle-même… On se demande qui commande !

FA : En parlant du budget, vous estimez qu’il faut revoir les dotations aux communes rurales ?

VB : De toute urgence ! Car aujourd’hui, quand l’État donne 1 euro à un rural, il en donne 2 à un urbain. C’est un scandale ! Un habitant des campagnes ne vaut pas deux fois moins que son homologue des villes ! Les ruraux ont aujourd’hui les mêmes besoins en termes de déplacements et de services que les urbains, il faut sortir de ce système de calcul obsolète qui date des années 1980.

FA : Les ruraux doivent retrouver leurs lettres de noblesse…

VB : Ils le méritent d’autant plus que les territoires ruraux attirent les urbains. On sent un regain de popularité des campagnes. Tout ce qui est fait pour le rural bénéficie aux citadins : les villes seraient invivables sans l’aération donnée par la campagne.

Propos recueillis par Sophie Bergot

(1) Loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République, promulguée le 7 août 2015.